L'église de Beaucoudray
L'église Saint Laurent de
Beaucoudray est typique de la région : de taille modeste, elle offre tout de même
un riche patrimoine culturel. Grâce à des linteaux de fenêtres appartenant au
chevet, on peut dater l'édifice du XVIIIe siècle(
1767). Pendant la période de la Terreur qui suivait la Révolution, l'église
ne fut ni pillée, ni profanée, le mobilier resta intact. Une des cloches
seulement fut enlevée et portée au district de Saint-Lô. À partir de 1822,
le curé de la paroisse M. Huillot entreprit de couvrir tout la partie du midi
de l'église et il la fit reblanchir. En 1869, la commune rénova l'autre partie
de la couverture et fit un nouveau jointement aux murs extérieurs. Cette même
année le clocher fut remis à neuf avec quatre persiennes et un nouveau
jointement. Nous savons que la paroisse possédait plusieurs chapelles. Les écrits
historiques nous présente la chapelle de Beaucoudray (dédiée à la Sainte
Trinité), la chapelle Sainte Madeleine qui appartint probablement à une léproserie,
la chapelle du Mesnil-Raoult et la chapelle St Pierre de Chevry.
1. La nef
Lorsque l'on pénètre dans la nef, on aperçoit dans le fond de l'église vers le portail, la bannière paroissiale figurant Saint Louis de Gonzague, derrière elle représente Saint Laurent. De velours rouge, cette bannière date du XIXe siècle et est inscrite aux Monuments Historiques. Elle se situe en dessous d'une grande chaîne composée d'anneaux en bois de pommier. Elle fut réalisée par Louis Haupais et ses camarades.
Prisonniers lors de la Seconde Guerre Mondiale, cette chaîne fut créée pour témoigner de leur emprisonnement et de leur libération, elle est le symbole d'un grand bonheur à revenir dans leur cher pays. Au centre,on trouve des statues, située l'une en face de l'autre provenant de la perque (poutre de gloire ) : une Vierge douloureuse et un Saint Jean l'Évangéliste en terre crue. Il s'agit d'un procédé très particulier : de la terre battue avec du lien de paille recouverte avec une chaux vive pour réaliser le polissage et la sculpture. Ces statues en terre crue sont très rare dans le département. Il n'en existe que trois : une à Neuville au Plain et les deux autres ici même à Beaucoudray. Du XVIe siècle, elles sont toutes les deux inscrites aux Monuments Historiques.
À gauche de la Vierge
douloureuse se trouve une Vierge à l'Enfant, du même siècle en pierre
calcaire polychrome et dorée. Elle est inscrite aux Monuments Historiques. En
vous dirigeant vers le chœur, vous passez en dessous d'une crucifixion et sa
poutre de gloire en bois coloré. Cet ensemble, inscrit aux Monuments
Historiques remonte au XVI-XVIIe siècle.
2. Le choeur
L'église possède une petite
grotte près du choeur, renfermant Sainte Thérèse de Lourdes et la Sainte
Vierge. Le choeur est superbement décoré d'un maître-autel avec tabernacle et
retable en bois peint et doré. Cet ensemble , inscrit aux Monuments
Historiques, date du XVIIe siècle (tabernacle et retable) et du
XVIIIe siècle (autel). Il se compose d'élégantes colonnes torses
(ou salomonica) aux couleurs bleues et dorées, aux frontons extravagants avec
plusieurs volutes, parsemées de feuilles de vignes et de bouquets. Le tableau
du maître-autel représente le martyre du Saint Laurent. Ce tableau du XVIIe
siècle, inscrit au Monuments Historiques, fut récemment restauré en mars
1989. Selon la tradition, ce diacre d'origine espagnole, fut le premier diacre
de Rome (ministre des cultes catholiques et orthodoxes). L'empereur valérien
le suspecta de posséder une immense fortune, ce qui était faux.
Sommé de la livrer aux autorités, il distribua tous ses biens aux pauvres.
Alors, les persécuteurs le ruèrent de coups de fouets avec des pointes, ils le
torturèrent avec des lames de fer portés au rouge. Devant son rage et son
obstination à braver l'empereur, on le mit sur un gril de fer sous lequel on
alluma un feu ; et Laurent subit stoïquement son martyre et en mourut le 10 août
258. Son culte se répandit partout. L'église Saint Laurent est un lieu de
culte conservé à ce Saint. De nombreuses personnes viennent à Beaucoudray
pour demander à Saint Laurent la guérison du zona ( " feu Saint Laurent
" ) et leurs brûlures.
Vous pouvez remarquer dans le
cimetière la Croix, composée de deux emmarchements, d'un fût en deux éléments
réalisée en granit. Elle date du XVIIe siècle et se trouve
inscrite aux Monuments Historiques. Prévenu d'une visite révolutionnaire, M.
Allaume, curé de Beaucoudray au XVIIIe siècle cacha le croisillon
de la croix pour échapper aux profanateurs. Autrefois,l'épine du vieux jardin
de Beaucoudray jouissait d'une grande réputation comme étant de l'espèce
celle qui servit au couronnement du Christ, et les fidèles l'emportaient comme
une relique précieuse. Quelle est son origine ? Était ce un souvenir des
croisades ou un pèlerinage en Terre sainte ? Nul ne le sait...
Document Cdc Tessy sur Vire