Extrait de presse du 14.06.1953. (visite du 7 Juin 1953).

À Beaucoudray, le Général de Gaulle a magnifié les héros de la résistance.

Général de Gaulle    Général de Gaulle

la croix de Lorraine    De Gaulle    premier jour De gaulle

la croix de Lorraine

la croix de Lorraine    la croix de Lorraine    timbre De Gaulle    tombe de De Gaulle

Poursuivant son pèlerinage aux hauts lieux de la résistance, le Général de Gaulle est venu s'incliner devant le monument élevé à la mémoire des 11 résistants fusillés par les allemands le 15 juin 1944 : René Crouzeau, Etienne Bobo, Alfred Guy, Auguste Lerable, Raymond Robin, Jean Sanson, Jacques Albertini, Ernest Hamel, Jean Le couturier, Francis Martin et André Patin.

Une foule très nombreuse et dont il faut louer la discipline, était présente sur l'emplacement même du drame. Avant l'arrivée du Général eut lieu l'envoi des couleurs.

À l'heure prévue, le chef de la résistance, accompagné de Mr le Préfet fut accueilli par les personnalités locales.

Le Général traversa lentement l'herbage tragique, serrant les mains qui se tendaient devant lui. Il s'inclina devant les familles des martyrs puis déposa au pied du monument, entouré de drapeaux, la gerbe que lui avait remise Mme Leblond.

    Mr Albertini, président du Comité du monument prit le premier la parole. Il salua tout d'abord le général et dit combien les parents des fusillés, les membres du Comité étaient touchés par sa présence. " Le culte de nos morts nous ramène ici chaque année et malgré le tumulte de la vie, nous écoutons leurs voix. C'est d'ailleurs sur leur exemple que nous prenons un point d'appui dans la lutte que nous menons chaque jour. Tout ce qui nous unit à eux est fait de fierté et de reconnaissance ; on dit que la gloire est le soleil des morts, mais le souvenir des morts est la lumière des vivants. 

Mr Pruvost, ancien chef du maquis de Beaucoudray succéda à Mr Albertini : Il exalta le sacrifice des fusillés et définit le bel idéal pour lequel ils avaient combattu, souffert et pour lequel ils sont morts. " Comme hier, Résistants, mes amis, retrouvons nous coude à coude, loin de tout ce qui peut nous diviser. - Comme hier, la France est menacée à l'extérieur et trahie au dedans. Il n'y a plus de temps à perdre. - D'habiles marchands d'illusions et d'honorables marchands du temple ont pu pendant un temps faire croire le contraire à un pays qui ne demandait qu'à être abusé. - Ni les uns, ni les autres ne sont capables d'améliorer les choses si nous continuons à glisser sur la pente de la décadence. - L'heure est venue pour notre vieille démocratie d'accepter pendant quelque temps une de ces cures de propreté et de discipline dont toutes les démocraties, dans tous les temps et dans tous les cieux, ont un jour ressenti l'impérieux besoin. - L'heure du réveil a maintenant sonné. - Nous devons nous retrouver dans le même idéal qui nous animait autrefois, la défense de la Patrie, de la République et de la Liberté. "

Le général de Gaulle parla le dernier, écouté avec une attention profonde :

" Comment cacher l'émotion qui m'étreint en prenant part aujourd'hui, en cet anniversaire, à la magnifique cérémonie que vous avez organisée. - Ceux-là, dont nous commémorons aujourd'hui la mémoire, il faut les célébrer le plus souvent possible, et en tout cas tous les ans à la date qui marque leur sacrifice. - C'était des combattants ; ils faisaient la guerre parce qu'on la leur avait imposée ; ils la faisaient dans les conditions les plus dures, sans drapeau flottant sur leur tête, sans citations, sans musique, sans fanfare ; ils la faisaient individuellement, secrètement, durement, dangereusement. Combien d'entre eux ont donné leur vie en la faisant ? Pourtant, ils ont fait la guerre et ils l'ont gagnée. Et cela, nous ne devons pas l'oublier. Quelle que soient les conditions dans lesquelles nous avons dû lutter, nous avons été parmi les vainqueurs, par un espèce de miracle dont, de temps en temps, notre pays est l'auteur et le témoin ... miracle qui, jusqu'à présent est toujours venu quand il fallait, mais qui, peut-être, ne reviendra pas toujours... Et c'est pourquoi, devant leurs noms ici gravés, il faut faire une promesse concernant l'avenir, une promesse de français et de françaises : Ne laissons plus " tomber " la France ! Cela coûte trop cher à notre pays et au monde. Maintenant-là debout, réveillons-là en nous inspirant de ce qu'elle eut de beau, de noble, de grand, dans son histoire... car un Pays ne se refait pas tous les jours. - Prenons comme exemple ceux qui l'ont le mieux servie, c'est-à-dire ceux qui lui ont donné leur vie depuis l'aurore des âges... prenons comme exemple, comme guides, ceux qui sont désintéressés. - Voila la conclusion que nous devons emporter, chacun dans notre cœur, et nous saurons, au fur et à mesure, très bien choisir ceux auxquels cette conclusion doit s'appliquer. - Ayons confiance aussi ... - Si la France avait du périr, elle serait morte déjà.. Elle ne l'est pas, l'avenir est à elle, elle n'a qu'à le prendre. - Or, la France, c'est nous... - Vive la République, et Vive la France ! ".

la croix de Lorraine


" Allons, bonne nuit, dormez bien, rassemblez vos forces pour l'aube, car l'aube viendra ". Ces paroles de Churchill à la B.B.C. indiquaient bien que l'affrontement était inévitable. Et quand celui-ci eut lieu, les résistants firent leur devoir de patriotes. Le chef de la France libre les honora justement ce jour là.

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Discours du 22 juin 1940

Le gouvernement français après avoir demandé l'armistice connaît maintenant les conditions dictées par l'ennemi, il résulte de ces conditions que les forces françaises de terre, de mer et de l'air seraient entièrement démobilisées, que nos armes seraient livrées,  que le territoire français serait totalement occupé et que le gouvernement français tomberait sous la dépendance de l'Allemagne et de l'Italie, on peut donc dire que cet armistice serait non seulement une capitulation mais encore un asservissement hors beaucoup de français n'acceptent pas la capitulation ni la servitude pour des raisons qui s'appellent l'honneur, le bon sens, l'intérêt supérieur de la patrie, je dis l'honneur car la France s'est engagée à ne déposer les armes que d'accord avec ses alliés, tant que ses alliés continuent la guerre, son gouvernement n'a pas le droit de se rendre à l'ennemi, le gouvernement polonais, le gouvernement norvégien, le gouvernement hollandais, le gouvernement belge, le gouvernement luxembourgeois quoique chassés de leur territoire ont compris ainsi leur devoir, je dis le bon sens car il est absurde de considérer la lutte comme perdue, oui nous avons subi une grande défaite, un système militaire mauvais, les fautes commises dans la conduite des opérations, l'esprit d'abandon du gouvernement pendant ces derniers combats nous ont fait perdre la bataille de France mais il nous reste un vaste empire, une flotte intacte, beaucoup d'or, il nous reste des alliés dont les ressources sont immenses et qui dominent les mers, il nous reste les gigantesques possibilités de l'industrie américaine, les mêmes conditions de la guerre qui nous ont fait battre par 5000 avions et 6000 chars, peuvent nous donner demain la victoire par 20 000 chars et 20 000 avions, je dis l'intérêt supérieur de la patrie car cette guerre n'est pas une guerre franco allemande qu'une bataille puisse décider : cette guerre est une guerre mondiale, nul ne peut prévoir si les peuples qui sont neutres aujourd'hui le resteront demain, même les alliés de l'Allemagne resteront-ils toujours ses alliés si les forces de la liberté triomphent finalement de celles de la servitude, quel serait le destin d'une France qui se serait soumise à l'ennemi : l'honneur, le bon sens, l'intérêt supérieur de la patrie commande à tous les français libres de continuer le combat là où ils seront et comme ils pourront, il est par conséquent nécessaire de grouper partout où cela se peut une force française aussi grande que possible, tout ce qui peut être réuni en fait d'éléments militaires français et de capacité française de production d'armements doit être organisée partout où il y en a, moi général de gaulle, j'entreprend ici en Angleterre cette tâche nationale, j'invite tous les militaires français des armées de terre, de mer, et de l'air, j'invite les ingénieurs et les ouvriers français spécialistes de l'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui pourraient y parvenir, à se réunir à moi, j'invite les chefs, les soldats, les marins, les aviateurs des forces françaises de terre, de mer, de l'air où qu'ils se trouvent actuellement à se mettre en rapport avec moi, j'invite tous les français qui veulent rester libres à m'écouter et à me suivre, vive la France libre dans l'honneur et dans l'indépendance !

Appel du 18 juin 1940

Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement.

Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat.

Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l'ennemi.

Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui.

Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non!

Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.

Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des États-Unis.

Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.

Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.

Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.

Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la Radio de Londres.

le symbole

Croix de Lorraine

Son histoire
La croix à double traverse, appelée croix d'Anjou puis de Lorraine, figurait dans la symbolique des ducs d'Anjou devenus ducs de Lorraine à partir de 1473 (René II 1451 - 1508, fils de Yolande d'Anjou). Elle doit sa forme à la croix chrétienne, la petite traverse supérieure représentant l'écriteau (titulus crucis) que Ponce Pilate aurait fait poser au-dessus du Christ : "  Jésus de Nazareth, roi des Juifs " (INRI).

Elle représente un reliquaire contenant une parcelle de la vraie croix, vénéré par les ducs d'Anjou, depuis Louis Ier (1339 - 1384) qui le fit broder sur sa bannière. Ce reliquaire, conservé à Baugé, avait un double croisillon.

Le roi René, petit-fils de Louis Ier d'Anjou et duc de Bar par mariage, utilisa la croix d'Anjou qui passa au cou des aigles support d'armes, d'où la croix de Lorraine dans les armoiries (mais pas dans le blason) des ducs de Lorraine et son apparition en France lors de la Ligue, en tant que symbole de la famille de Guise.

La Croix de Lorraine et la France libre
La France libre l'adopta pour symbole grâce au capitaine de corvette Thierry d'Argenlieu, qui écrivit à de Gaulle qu'il fallait aux Français libres une croix pour lutter contre la croix gammée. Dans son ordre général n° 2 du 3 juillet 1940, le vice-amiral Emile Muselier (1882-1965), nommé l'avant-veille au commandement des forces navales et aériennes françaises libres, créa pour les forces françaises ralliées à de Gaulle un pavillon de beaupré (carré bleu avec, au centre, la croix de Lorraine en rouge par opposition à la croix gammée) et pour les avions, une cocarde à croix de Lorraine.

Muselier était d'origine lorraine et les armes du 507e Régiment de chars de combat que commandait le colonel de Gaulle au moment de la guerre comportaient une croix de Lorraine. Le pavillon fut modifié après deux ou trois mois : il était trop sombre. Dans le modèle définitif, il était bleu, blanc, rouge. Le blanc était en forme de losange et comportait une croix de Lorraine rouge non tréflée. Ce pavillon restera pour les futurs navires de la Marine nationale auxquels sera donné le nom d'un ancien bâtiment des Forces françaises navales libres.


Le symbole a été adopté ensuite par tous les Français libres et figurera sur de nombreux insignes (insigne émaillé porté par de Gaulle), notamment sur la croix de l'Ordre de la Libération créé à Brazzaville le 16 novembre 1940, sur la médaille de la Résistance, sur la médaille commémorative des services volontaires dans la France Libre, créée par décret le 4 avril 1946. La Croix de Lorraine est également présente sur des monuments et sur les timbres créés sous les gouvernements du général de Gaulle.

Le fanion du général de Gaulle ornant sa voiture officielle était tricolore à croix de Lorraine, mais le Général avait refusé que la croix de Lorraine figurât sur le drapeau tricolore de la République française ainsi que sur les cachets officiels de la Ve République, qui ont conservé le motif de la Liberté assise, avec un faisceau de licteur.

En 1972, la croix de Lorraine a été choisie comme motif du mémorial Charles de Gaulle à Colombey-les-Deux-Églises (Haute-Marne).

La croix de Lorraine figure sur la Médaille de la Résistance.


1944        A    B    C