3 ans après la libération, le maire de Saint-Lô reçu triomphalement aux U.S. A.

Mr Georges Lavalley fut nommé le 30 juillet, par le préfet Mr Lebas, administrateur de Saint-Lô. La délégation municipale fut mise en place le 11 octobre. Des équipes courageuses entreprirent de retrouver les morts, demeurés au hasard de ce qui avait été des rues et des places. Dans le même temps, commença le déblaiement, avec des moyens dérisoires. Tâche titanesque. On se servait de camions à bras ou de voitures tirées par des chevaux. On allait chercher le pain à Montmartin sur Mer et à Noron-la-Poterie. Quelques commerçants parvinrent à s'installer. Par quel miracle ? Des semaines ayant passé arrivèrent les premières baraques. On parla reconstruction. Le 6 juin 1948, Mr Vincent Auriol, Président de la République, posait la première pierre, rue Saint Thomas.

L'un des soucis de Mr Lavalley, Maire et du conseil municipal qui avait succédé à la délégation fut la construction d'un nouvel établissement hospitalier, l'hôpital Irlandais (situé entre la route de Torigni et celle de Bayeux) était entré en service  au mois de septembre 1945 et cessa de fonctionner le 25 juin 1956. Son fonctionnement devait de toute façon n'être que provisoire. Pour construire le nouvel hôpital, on pouvait compter sur la participation de l'American Aid to France qui tenait à ce que la capitale des ruines fut dotée de l'hôpital le plus moderne d'Europe, ce qui fut le cas pendant un certain temps. En gens pratiques, les responsables US pensèrent que la présence sur leur sol du maire de Saint-Lô ne pourrait qu'émouvoir leurs compatriotes et provoquer leur générosité. C'est ainsi que Mr Lavalley fit deux voyages aux États-Unis en janvier et en juin 1947, le premier à l'invitation de la 29^ème division d'infanterie, le second à l'invitation de la 35^ème division. À chaque fois, la réception fut presque digne d'un chef d'État.

Premier voyage :

Après un voyage mouvementé, Mr Lavalley parvint à Baltimore  où le maire Mr Mac Keldin lui remit les clefs de la ville en présence du Consul de France et d'un ancien aviateur U.S. Mr Covington dont l'avion avait été descendu au-dessus de Saint-Lô par la flack (D.C.A.) allemande, il fut recueilli et caché, route de Carentan et ravitaillé par deux français patriotes. Le 12 janvier, Mr Lavalley prit le train pour Washington. À l'hôtel de ville, le général Bradley qui commandait les forces américaines débarquées en Normandie lui fut présenté. Suivit une visite à Dumberton Oaks où furent signés les accords créant l'Organisation des Nations Unies. À New York, il fut accueilli au siège central de l'American Aid to France où un membre du comité directeur fit une conférence très documentée dans laquelle il parla de l'effort généreux entrepris par son pays en faveur de villes françaises particulièrement éprouvées telles Saint-Lô, Coutances, Caen... Au cours de ce voyage, Mr Lavalley rencontra le général Eisenhower qui signa le livre d'or de Saint-Lô et le Président Truman. Il assista en outre, à l'académie militaire de Stanton, à une grande manifestation souvenir en l'honneur du major Howie. Il rendit hommage aux soldats américains tombés sur le sol de la Normandie et tout particulièrement à ceux de la 29^ème D.I. et au major Howie sans oublier leurs camarades de la 35^ème division. Le maire de Saint-Lô demeura aux États-Unis une dizaine de jours et y rencontra nombre de témoignages d'amitié. Il rentra en France, par avion, le 12 février. À Saint-Lô, devant la mairie dont les services se trouvaient alors dans les locaux de la clinique Queillé-Chopin qui devint plus tard le foyer de l'entraide, il fut accueilli par le premier adjoint Mr Alfred Groult.

Second voyage :

Cinq mois plus tard, il retourna aux U.S.A. où il allait être reçu par celui dont il était l'invité, le général Baade, commandant la 35^ème division d'infanterie qui participa aux combats pour la prise de Saint-Lô mais aussi par le Président Harry Truman, le général Eisenhower, le général Collins.

Anecdote :

• Un officier français, le capitaine Beauregard était venu chercher Mr Lavalley à Coutainville, sa dernière étape de l'exode (en compagnie de son épouse) pour le conduire à Bayeux où le Comité de la France Libre l'a nommé administrateur de la ville le 31 juillet 1944. Ce n'est qu'au printemps 1945, après des élections, qu'il a été élu Maire.

• L'hôpital Irlandais cessa de fonctionner le 25 juin 1956,  l'aile ouest de l'hôpital mémorial ayant été mise en service le 10 mai. L'hôpital Irlandais avait été entièrement pris en charge par la ville le 1 janvier 1947, date où les soins cessèrent d'être gratuits.

• La délégation municipale était composée de Georges Lavalley, président, MM François Pilorget, Auguste Lefrançois, Dr Jean Bourdon, vice-présidents, MM Jean Lefèvre, Jean Bellamy, Alfred Groult, Roger Leclerc, Raymond Bigot, Richard henry, Henri Malaquin, Marcel menant, Louis Gablin, Ludovic Roulleau, Fernand Lechevallier, membres...

• Le 18 août 1945, route de Saint-Jean-des-Baisants (actuelle rue général Kœnig), la vraie première pierre de la reconstruction avait été posée au n° 21 par le colonel John T Haynes, adjoint au général Baade, commandant la 35^ème D.I. U.S. en présence du préfet et de personnalités.

• L'actuel Rond point du major Howie s'appelait carrefour de la bascule.

• L'hôpital d'origine situé entre la Vire, la rue d'Alsace-Lorraine et le rocher de la Poterne avait été totalement anéanti.

 Extrait de " Chemins de l'été 1944 "

(Article O.France)

Vendredi 18 mai 2001
G. Lavalley a désormais sa statue
Un buste a été inauguré hier en hommage à l'ancien maire de la ville. 
Hier jeudi, un buste à l'effigie de l'ancien maire, Georges Lavalley, a 
été inauguré dans la cour du collège qui porte son nom. Une sculpture réalisée par l'artiste, Marion Gombault.