Extrait de " Historique canton de Tessy sur Vire de André Hardel " (voir bibliographie, cet ouvrage est une référence).

Jumelage

 

Tessy sur Vire

Beaucoudray.

L'abbé Bernard explique que ce nom doit tirer son origine du bois de Moyon tout proche ; belle coudraie, c'est-à-dire lieu planté de beaux et grands coudriers. Près de Saint-Lô, vous trouverez en la commune d'Agneaux, dans le village de " la fouquelinière ", le fief de Beaucoudray d'où était originaire Julienne Couillard qui s'illustra pour la défense de Saint-Lô, en 1574. Dans le sud du département, beaucoup de noms de communes se terminent par ailleurs par " ey ".  ...  Les dictons populaires disparaissent tant soit peu ; autrefois on disait, paraît-il, les blaireaux de Beaucoudray et aussi les bérets de Beaucoudray, le premier dicton peut s'expliquer par la proximité du bois de Moyon, mais le second bien moins de prime abord.

La seigneurie de l'endroit relevait de la baronnie de Moyon, sous le fief de la Haye-Hue, aujourd'hui La Haye-Bellefonds. Du grand fief de Beaucoudray, en dépendaient 21 autres moins importants et du petit fief de Beaucoudray, 7 autres. De la sieurie de la Trinité relevaient également 14 fiefs ; c'est sur ce dernier que se trouvait le manoir seigneurial. Le premier seigneur connu, Jean de la Haye-Hue accompagna, en 1066, le duc Robert à la première croisade et ses descendants possédèrent jusqu'au XIIIème siècle cette seigneurie qui passa ensuite dans la famille Le Moussu, puis dans celle des de Mathan vers 1630 et successivement dans les familles Le Breton vers 1710, puis Ganne de Grand'Maison et actuellement Ganne de Beaucoudray. Il existait autrefois, une chapelle attenante au manoir seigneurial de la Trinité ; les textes anciens la désignent sous le nom de chapelle du Mesnil Raoul(t) et de Beaucoudrey. 

Il y a environ un siècle se tenait à Beaucoudray la foire dite de la Trinité ; vous trouviez aussi des charbonniers qui faisaient du... charbon de bois ; c'est ainsi qu'en 1958 un nommé Auguste Havel, 28 ans, était qualifié de charbonnier.

• Maintenant, il faut relater le martyre des résistants de Beaucoudray, tombés à l'aube du jeudi 15 juin 1944. Ce récit est emprunté au livre de Mr L'abbé David, alors curé à Villebaudon, grand résistant aussi qui a écrit : Du bagne français au bagne nazi : 1941 - 1945. Dans ce livre, il relate ce qu'il a enduré et souffert, les vexations et les humiliations que tous les captifs durent subir ; à qui il a pardonné malgré tout en pensant, en espérant que les hommes se réconcilieront. Ces onze grands français étaient réunis dans une petite maison, à l'orée du bois de Moyon, au bout d'un chemin rural, en attendant les messages secrets émis par Londres et les invitant à agir comme il convenait.

Voici le texte de ce récit : 

Prologue :

Dans la nuit du 9 au 10 mai 1944, des avions ronronnent au-dessus de la petite commune de Sainte-Marie-Outre-l'Eau, canton de Saint Sever (14 - Calvados). Tapis dans les champs, les intéressés attendent anxieux, le regard tourné vers le ciel. Tout à coup, ombres dans l'ombre, surgissent des parachutes ; aucun être vivant ne s'agite au bout des multiples câbles ; ce sont des containers remplis d'armes, de munitions et d'explosifs formant un poids de 3 tonnes. Rapidement, tous se dirigent vers les points de chute et la cueillette est vite faite ; les camionnettes des P.T.T. dissimulées à proximité sont chargées avec célérité, puis prennent la direction du maquis de Beaucoudray. Dans une ferme inhabitée, perdue à l'extrémité d'un dédale de chemins vicinaux et ruraux, en bordure du bois de Moyon, armes et explosifs sont entreposés dans le grenier ; il y a tout ce qu'il faut pour de l'excellent travail à accomplir par le groupe des résistants des P.T.T. dont le responsable est Ernest Pruvost.

Le drame :

26 jours ont passé. Nous voici à quelques heures du débarquement ; déjà les parachutistes alliés ont pris pied sur le sol. Avec calme et méthode, conformément aux instructions reçues, les postiers résistants coupent les lignes et les câbles téléphoniques de la région de Saint-Lô, puis leur besogne accomplie, ils regagnent séparément, le 6 juin au matin, la petite ferme du bois. Là se retrouvent : René Crouzeau,  Inspecteur du service technique, Étienne Bobo, contrôleur des installations électromécaniques, Marcel Richer, agent des installations ; Raymond Robin, mécanicien dépanneur, Jean Sanson et Maurice Deschamps, commis ; Auguste Lerable, Auguste Raoult et Auguste Sénécal, agents des lignes, bientôt rejoint par la section O.C.M. d'Alphonse Fillâtre qui groupe des résistants de la région de Percy, Villebaudon, Villedieu et d'ailleurs. Abdon, Le Couturier, Hamel, Albertini, Guy, Patin et Martin, auxquels vient fréquemment rendre visite une institutrice, Mme Leblond. Le petit groupe auquel doit parvenir des renforts et qui a l'ordre d'attendre un message lui indiquant où et comment il doit venir en aide à des troupes aéroportées, organise sa vie ; Lerable est cuisinier, Sanson s'occupe des armes et tous s'y intéressent. Un tour de garde est établi et 2 hommes font constamment le guet ; un jour, une lampe du poste récepteur de radio claque, Mr Haupais, cultivateur voisin, prête le sien. 8 jours s'écoulent sans incident, puis d'un seul coup, le 14, le drame éclate. Peu avant midi, une auto montée par 2 allemands arrive à proximité du refuge, puis repart rapidement, comme si le chauffeur s'était trompé de chemin ; pas un homme n'a bougé ; les allemands, pense t-on n'ont rien vu. Soudain c'est l'attaque ; venant de 3 côtés à la fois, des soldats armés se dirigent vers la ferme ; Robin qui était de faction au chemin principal est capturé et ne peut prévenir personne ; derrière la maison, du côté du bois, Richer qui vient de se lever prend le frais, Deschamps et Guy ramassent des branches sèches ; Pruvost, Alliet et Sénécal sont également dehors, de même que Raoult de faction, les autres, à l'exception d'Abdon, qui revient de Villebaudon, en compagnie de sa femme, sont dans la salle commune (Abdon qui apportait dans une brouette divers ustensiles de ménage fut arrêté par les allemands auxquels il expliqua qu'il était sinistré de Saint-Lô et ne fut pas inquiété).

Puis la fusillade crépite ; ceux de l'intérieur sont mis hors d'état de nuire avant d'avoir pu réaliser ce qui leur arrivait ; les autres prennent la fuite ; le malheureux Guy blessé, tombe et il est capturé ; par une chance inouïe, ses camarades ne sont pas touchés. Nul ne sait ce qui s'est ensuite passé. Nous pouvons imaginer qu'ils subirent un interrogatoire en règle ; qu'ils subirent des violences puisque, lors de leur exhumation, quelques-uns portaient des brûlures et qu'un autre avait des côtes brisées ; mais, nous pouvons être sûrs qu'ils n'ont pas  parlé car pas un seul des rescapés n'a été inquiété.

6 corps ont été retrouvés dans une fosse, 5 dans l'autre ; tous à l'exception de Guy blessé, avaient les mains attachées avec du fil de fer et c'est une balle dans la nuque qui a mis fin à leur vie d'hommes loyaux et droits ayant choisi avec simplicité la route la plus rude et la plus belle : celle de l'honneur.

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Le monument élevé à leur mémoire en la commune de Beaucoudray, en bordure d'un chemin vicinal représente une croix de Lorraine posée sur un socle ; une inscription rappelle leurs noms que voici :

Aux onze résistants fusillés par les allemands le 15 juin 1944 :

In memoriam

Crouzeau René.

Bobo Étienne.

Guy Alfred.

Lerable Auguste.

Robin Raymond.

Sanson Jean.

Albertini Jacques.

Hamel Ernest.

Le Couturier Jean.

Martin Francis.

Patin André. 

Un peu en arrière du monument, deux fosses sont restées ouvertes et indiquent l'endroit précis où tous ces héros avaient été d'abord inhumés. Ils furent transférés dans le cimetière de Beaucoudray, au cours d'une cérémonie à laquelle le canton avait pris part. Ce monument et ces fosses sont entourés d'arbustes et de clôtures bien entretenus. 

L'inauguration de ce monument eut lieu le 15 juin 1947, un dimanche de 10 h à midi. Il fut béni, en présence de nombreuses personnalités, entre autres Mr le Ministre des anciens combattants et Victimes de guerre et tous les groupements d'anciens combattants et patriotes. Mr le Sous Préfet de saint-Lô (la préfecture et le préfet étant alors provisoirement à Coutances) stigmatisa tout d'abord le crime commis par les allemands, tira la leçon du drame et termina ainsi : " Comme au long d'un sentier à moitié caché par les broussailles se dresse parfois une flèche pour indiquer sa route au voyageur perdu ; de tels monuments guident la pauvre humanité vers le chemin de la sérénité. Méditons leur exemple et c'est d'un pas plus alerte qu'ayant jeté dans les fossés, amertume et désespoir, nous reprendrons tous ensemble la voie que nous a tracé leur espérance, celle qui mène à la terre promise aux hommes de bonnes volonté.

Une cérémonie religieuse et patriotique a lieu annuellement devant ce monument du souvenir et du respect. Le 7 juin 1953,  le général de Gaulle assistait à cette manifestation dans le recueillement le plus complet. La commune de Beaucoudray, en 1944, connut de très durs combats sur son territoire, combats de tanks, combats au corps à corps, que les américains appelaient la guerre des haies.

En septembre 1949, cette commune était citée à l'ordre de la nation en ces termes : " Beaucoudray : village ravagé aux 6/10 ème pendant la bataille de libération et dont la population a accepté ce sacrifice avec courage et abnégation ; cette citation comporte l'attribution de la Croix de guerre avec étoile de bronze.


Note wm :

Tessy fut libéré le 2 août après avoir été pris et repris, maison par maison depuis le 28 juillet.

Monument commémoratif à Tessy sur Vire

Tessy il y a quelques années ...

Le groupe de résistants P.T.T qui se crée donc à Saint-Lô dès fin 1941 avait pour tâche principale le sabotage des lignes  utilisées par la Wehrmacht. La veille du débarquement allié, ils ont sectionné la plupart des câbles assurant les liaisons avec la Bretagne et avec les îles anglo normandes. Leur action prit donc fin après l'intervention du détachement allemand.

La bataille de Percy dura du 29.7 au 02.8.

Tessy, route de Saint-Lô le 30.08.44

enveloppe des 40 ans

Le pont de Tessy 1944

Jumelage

Tessy sur Vire

Tessy sur Vire et son canton

Tessy sur Vire et son canton