Deux Héros de la France Libre

Au lendemain de la défaite de Juin 1940 le Général de Gaulle, tentant de former une armée qui combattra aux côtés de son alliée britannique, lance sur les ondes de la B.B.C. un appel à tous ceux qui n'admettent pas la cessation des combats.

À cet appel bon nombre de Français vont répondre qui passent en Angleterre sur des avions, s'échappant au nez des Allemands des terrains d'aviation ou sur des bateaux parfois achetés à prix d'or ou avec la complicité de leur propriétaire, tel ce patron de langoustier de Douarnenez qui passe la Manche avec à son bord 106 officiers et élèves de l'école de pilotage de l'Armée de l'Air réfugiés en Bretagne et qui s'enrôlera dans les Forces Navales Françaises Libres.

Le 7 Août un accord est signé entre de Gaulle et Churchill qui reconnaît la représentation du gouvernement en exil et règle les conditions dans lesquelles une armée française libre peut être constituée. Rattachée le plus souvent à des unités britanniques, dont elles dépendent au point de vue du matériel et des pièces détachées, du ravitaillement, les Forces Françaises demeurent sous commandement français. Les effectifs, peu importants au début vont bientôt permettre la constitution d'unités de l'armée de terre, de l'aviation et de la marine, coiffées par un État-Major dirigé par le général de Gaulle.

Deux ans après leur constitution les Forces Françaises Libres ont fait leurs preuves. Noyau de la future armée française, elles comptent alors 70.000 hommes et sont présentes sur tous les fronts où sont menés les combats pour la libération de la France.

Philippe Kieffer, Lorrain installé en Amérique rentre en France au début de la guerre. Affecté dans la Marine il participe à l'évacuation des troupes alliées à Dunkerque. L'Angleterre lui propose de s'engager dans le Royal Navy ; il préfère répondre à l'appel du Général de Gaulle et sera un des tous premiers - matricule 13 - membres des F.F.N.L. En 1941 il forme une première compagnie de commandos français qui reçoit le baptême du feu lors du raid d'Août 1942 sur Dieppe. Entraînés dans un camp secret d'Écosse les commandos français atteignent bientôt la valeur d'un bataillon. Ils sont engagés dans des actions de plus en plus nombreuses sur les côtes d'Europe occupées par les Allemands. L'unité de Kieffer participe au débarquement en Normandie et son chef est blessé sur la plage de Colleville. Il participe néanmoins à la campagne de Normandie. En arrivant à Paris il apprend que son fils vient d'être fusillé par les Allemands en retraite. La paix revenue Kieffer fait partie de différentes commissions internationales et représente le Calvados à la première Assemblée Constituante. Il meurt des suites d'un accident de voiture en 1963.

Pierre Bourgoin est né en Algérie. Il est au Tchad à la déclaration de guerre et rejoint en 1940 les troupes des F.F.L. du colonel Leclerc. Muté aux parachutistes, détaché au Special Air Service britannique il participe à plusieurs coups de main en Tunisie au cours desquels il perd le bras droit. Son bataillon atterrit le 6 Juin dans le Morbihan - Bourgoin amputé d'un bras descend avec un triple parachute tricolore - où il épaule le maquis de Saint-Mardel. Les 300 paras de Bourgoin et les 300 F.F.L. du maquis tiennent tête à une division allemande équipée d'éléments blindés.

Comme Kieffer, Bourgoin est élu député (dans le XII` arrondissement de Paris). Il siège également au Conseil de l'Europe à Strasbourg. La maladie l'oblige à se démettre de ses fonctions officielles, qui l'emporte en mi 1971.

Philippe Kieffer et Pierre Bourgoin sont tous deux Compagnons de la Libération.