Documents complémentaires

• LA RECONSTRUCTION DE SAINT-LÔ

Au lendemain des bombardements du 6 juin 1944, il subsistait si peu de Saint-Lô que la " Capitale des ruines " semblait vouée à la commémoration.
Mais les Saint-Lois n'hésitèrent pas à se battre pour que leur ville renaisse  et retrouve sa place de chef-lieu de département. André Hilt, jeune architecte, nouveau prix de Rome, fut chargé du plan d'urbanisme.
Saint-Lô, ville moyenne, vivant du commerce et de l'administration, en position centrale du département se situe sur un éperon rocheux dominant les vallées de la Vire, de la Dollée et du Torteron où s'est établi un " enclos fortifié ", la ville se développant ensuite hors des remparts. Hilt tient compte de cette genèse, voulant mettre en valeur le site et l'histoire de la ville en dégageant les remparts et le rocher même, pour retrouver l'image de la fondation de la ville en même temps que la nature du relief. Il veut ainsi créer une ceinture verte autour du centre et annoncer le nouveau caractère de la ville très clair, aéré et soucieux du paysage. Dans " l'enclos " et ses abords, il s'agissait de recréer un centre vivant mêlant commerce, habitations et administrations avec de grandes places pour les " foires ". Hilt reporte la Préfecture et les services départementaux à l'extrémité de " l'enclos " traitant ce lieu à la manière d'une acropole. Il réinstalle la place plus à l'est bordée de boutiques sur trois côtés, elle accueille les marchés hebdomadaires et fédère la vie des différents quartiers.
La route de Bayeux est détournée de la rue du Neufbourg pour que le trafic ne rende pas le centre invivable. Les constructions resteront basses, la largeur des rues sera supérieure ou égale à la hauteur des façades et les îlots circonscrits par les rues permettront la création de vrais jardins en leur centre. La dimension de la ville en sera réduite et il faudra créer de nouveaux quartiers.

Hilt meurt en 1946 et Marcel Mersier qui lui succèdera ne reviendra pas sur les grandes lignes du plan d'urbanisme qu'il s'appliquera cependant à rendre moins rigide ; par exemple, en composant de la rue du Neufbourg à la place de la Préfecture un axe principal de la ville qui soit une promenade architecturale riche.
La base de la politique de la reconstruction est le dispositif des dommages de guerre : à la demande d'un propriétaire, un architecte réalise un logement, l'architecte chef de groupe maintenant une cohérence au niveau de chaque îlot, l'architecte en chef de la Reconstruction gardant en amont la maîtrise par le remembrement, en aval par la délivrance du permis de construire. Ce système est très lent. Le mode de construction est souvent le même (rationnel et économique) : murs en moellons de schiste ou après 1950, en briques creuses ou en agglomérés recouverts le plus souvent d'un enduit tyrolien ou d'un enduit aux gravillons.
Les premiers chantiers de la reconstruction sont les maisons de transition de la rue de l'Exode et du Général Koenig dès 1945 : aspect extérieur traditionnel mais les logements y sont traités en duplex et les linteaux et menuiseries sont préfabriqués.
Aucun des sinistrés n'y accepta de logement, ils préférèrent s'installer dans " la cité provisoire de baraques ".
Nouveaux chantiers en 1948, peu avancés en 1951, où l'on construit alors une série d'immeubles pré financés, standardisés, qui formeront la plus grande partie des quartiers du Neufbourg et de la Dollée.
En 1953, Jean Dubuisson réalise deux ensembles importants tranchant par leur modernisme : la barre courbe du quartier de la gare et la rue de la Marne.

Dès la fin des années 50, Mersier réalise des programmes H.L.M. importants : la grande barre qui ferme au nord le champs de Mars, le bâtiments courbe de la rue Toustain de Billy et les immeubles de la ferronière au sud du Bouloir.
Des architectes de premier plan sont sollicités pour les principaux édifices publics : Nelson pour l'Hôpital mémorial (Moderne), Arretche pour la Préfecture (Classique), Marrast pour le Bon sauveur (plutôt régionaliste).
Mersier s'est réservé le théâtre, l'ensemble de l'Hôtel de Ville et des constructions municipales qui l'accompagnent dont le style est difficile à classer : très différent du régionalisme de Hilt, il est sans doute issu de la tradition éclectique utilisant les leçons de tous les styles techniques pour atteindre une architecture rationnelle et sobre parfaitement dégagée des modes (le modernisme en étant une), et adaptée au bien-être des utilisateurs.
Chez Mersier, à côté d'une exigence de modestie et de simplicité, on trouve cependant le luxe de l'espace, la clarté, l'humanité et l'harmonie avec le paysage.
La grande sobriété de l'architecture de saint-Lô entre tradition discrète et modernisme modéré, marque le rêve d'une ville classique idéale soucieuse des aspirations et des besoins des hommes.
Dans l'œuvre des architectes en chef, André Hilt puis Marcel Mersier, le plus remarquable est la manière dont l'urbanisme souligne la paysage et créée de riches promenades architecturales.

• L'HÔPITAL MÉMORIAL FRANCE-ÉTATS-UNIS
Les bombardements du 6 juin 1944 et la bataille qui suivit firent tant de ravages que Saint-Lô prit le nom de " Capitale des Ruines ". Face à ce désastre, les américains et en particulier les habitants de la ville de Baltimore décidèrent de participer à l'effort de reconstruction. Ils collectèrent des fonds qui permirent de financer la moitié du nouveau Centre Hospitalier qui fut baptisé " HÔPITAL MÉMORIAL FRANCE-ÉTATS-UNIS " en commémoration de la bataille de Normandie.
La conception de l'Hôpital fut confiée à Paul Nelson, architecte américain, ancien élève de Perret et disciple de Le Corbusier. Roger Gilbert, Marcel Mersier et Charles Sebillote participèrent également à la réalisation des plans établis en 1947. Les principes architecturaux de Paul Nelson mis en œuvre  dès les années 30 trouvèrent ici leur accomplissement dans hôpital à la pointe du progrès et marquant une véritable révolution dans le domaine médical.
"Né à Chicago en 1895, Paul Nelson n'a jamais cessé de respire l'air de Paris. Après avoir suivi les efforts de Le Corbusier, travaillé à l'atelier Perret, jeté les plans de l'avant projet de la cité hospitalière de Lille qui suscitèrent dans l'architecture médicale une véritable révolution [...], Paul Nelson fut l'architecte qui signa l'HÔPITAL MÉMORIAL FRANCE-ÉTATS-UNIS DE SAINT-LÔ ".
" Nelson, il y a en France deux évènements architecturaux. Il y a Marseille et il y a Saint-Lô. Et Saint-Lô est humain. Je veux collaborer à cette œuvre là ". Fernand Léger
Fernand Léger a souhaiter participer au travail de Paul Nelson car ce projet était à la fois à la pointe des techniques modernes et dans l'esprit des travaux de Le Corbusier, fortement imprégnés d'une dimension sociale.
Il devait mettre en couleur l'ensemble des façades de l'hôpital mais il s'avéra que la polychromie risquait de contrarier les volumes architecturaux. De cette polychromie, il ne subsiste donc qu'une frise en mosaïque ainsi que les couleurs des baies vitrées en harmonie avec celle-ci.

Origine des documents : Musée de Saint-Lô


Artistes représentés au musée de saint-Lô

• Jean Follain (1903-1971)
    - naît à Canisy le 29 août 1903, passe son enfance rue Bêchevel.
    - a publié pendant la guerre " Canisy ", proses sur son village natal.
    - participa régulièrement aux " décades de Cerisy ".
    - meurt accidentellement le 10 mars 1971 à Paris.

• Pierre Campain (1893 -1967)
    - peintre (thèmes : Le Cotentin, les paysages de France, scènes et figures, natures mortes, compositions, l'Espagne).

• Octave Feuillet (1821-1890)
    - écrivain et collectionneur
    - surnommé " le Musset des familles "
    - À la chute de l'Empire, il se retire dans un domaine aux environs de   Saint-Lô, Les Palliers.

Œuvre notables du musée (magnifiquement actualisé).

•   Le Mois d'Août

    - Tapisserie de Bruxelles.
   

•    La tenture des amours de Gombault et Macée

   - Tapisseries de Bruges XVIe siècle.


Homère et les bergers (Corot)

Tenture des amours de Gombault et Macée

Musée du bocage normand : ferme de Boisjugan    Musée du bocage normand : ferme de Boisjugan    Canne à lait du pays de Saint-Lô