Extrait de " La résistance du bocage ".

Onze fusillés à Beaucoudray (14 juin).

Le parachutage de Sainte-Marie Outre l'eau (9 et 10 mai) avait permis la réalisation du plan Vert : car des armes avaient été fournies au groupe Tabur d'Avranches, ainsi qu'aux postiers de Saint-Lô. Ceux-ci, après avoir saboté les liaisons téléphoniques, rejoignirent le maquis de Beaucoudray (entre Percy et Tessy sur Vire). Là, un important dépôt avait été constitué, mais on attendait l'arrivée d'un groupe de Vassy qui devait venir s'y équiper en armes.

Le 14 juin au matin, Madame Leblond, institutrice, qui occupait la maison voisine, aperçut une voiture allemande faisant demi-tour. Elle en avertit les 17 hommes du groupe (le 18ème, Fillâtre, habitait à Villebaudon). Apparemment, le véhicule s'était égaré car on ne voyait pas de soldats allemands aux alentours. En réalité, la voiture était bien venue pour repérer les lieux. À 10 heures, les allemands cernèrent la maison, après avoir neutralisé l'homme de garde. Mme Leblond envoya son jeune fils alerter le groupe dans la maison voisine. Trop tard ! les neuf hommes qui s'y trouvent seront pris. Seul Crouzeau a eu le temps de sortir son colt et d'abattre deux assaillants. Des sept maquisards qui étaient à l'extérieur du bâtiment, six purent s'échapper mais Auguste Guy, atteint d'une balle fut ramené avec les 10 autres prisonniers. Abdon, qui rentrait avec une brouette, échappa à l'arrestation. À neuf heures du soir, les onze hommes, dont Guy sur une civière, furent jugés sommairement et exécutés au cours de la nuit. Pendant tout ce temps, Madame leblond et son fils de onze ans, considérés comme complices, furent conduits à Domjean pour un nouvel interrogatoire. L'institutrice fut libérée, faute de preuves, après plusieurs semaines d'incarcération à Saint Jean du Corail.

Les victimes :

René Crouzeau, inspecteur des P.T.T, chef de groupe.

Jacques Albertini.

Étienne Bobo.

Auguste Lerable.

Jean Sanson.

Raymond Robin. (les 6, employés des P.T.T.).

Auguste Guy, peintre à Villedieu.

Ernest Hamel, cultivateur à Sourdeval les Bois.

Francis Martin, géomètre à Bordeaux.

André patin, journalier à Beaucoudray.

Jean lecouturier, étudiant à Percy.

La presse régionale et Raymond Ruffin attribuent ce massacre à la division " das reich ", ce qui est impossible puisque celle ci ne reçut l'ordre de rejoindre la Normandie que le 12 juin et n'y arriva que fin juin. Il s'agit probablement de la 17ème Panzer Götz Von Berlichingen, qui fut acheminée des Deux Sèvres à Vitré, par le train, et arriva les 11 et 12 juin dans le secteur de Saint-Lô.

Chaque année, une cérémonie du souvenir a lieu le dimanche le plus proche du 15 juin, sur les lieux du drame, au monument commémoratif.