16 JUILLET 1942

RAFLE DU VEL D'HIV

Dans la nuit du 15 au 16 juillet 1942, des centaines de cars de police et d'autobus se déploient dans les rues désertes de Paris. Policiers, gendarmes et gardes mobiles français sont chargés d'exécuter l'opération cyniquement dénommée " Vent printanier ", décidée par la Gestapo et organisée par la Police nationale : une gigantesque rafle visant surtout les Juifs étrangers – mais pas seulement ceux là – est déclenchée à Paris et dans la région parisienne où elle se poursuivra le 17 juillet. Près de 13.000 Juifs hommes, femmes et enfants seront ainsi raflés. À Paris, avant le lever du jour, des groupes de trois ou quatre policiers, listes nominatives en main, font irruption dans des milliers d'appartements parisiens. Les consignes sont formelles : arrêter hommes, femmes et enfants. " On ne doit pas discuter sur l'état de santé ", précisent les instructions, qui prévoient également que, " au cas de non-arrestation, gardiens et inspecteurs mentionneront les raisons pour lesquelles elle n'a pu être faite ". On emmène donc les femmes en couches, les vieillards, les malades... Quand ils comprennent l'inéluctable, beaucoup préfèrent se suicider plutôt que de se laisser arrêter. Rue du Poitou, une mère et ses deux enfants se jettent du quatrième étage. Certains parviennent à s'enfuir, prévenus par la rumeur ou les voisins, souvent aidés par des policiers qui ne peuvent se soustraire aux ordres mais tentent de les contourner. Après les arrestations, commence l'interminable va-et-vient des autobus vers les " centres primaires " : le Vel d'Hiv , uniquement pour les familles " avec enfants " ; Drancy, pour les femmes et hommes seuls. 7.000 personnes environ, dont 4.051 enfants, sont entassées dans le Vel d'Hiv. Elles y resteront une semaine. Rien n'a été prévu pour les accueillir. Beaucoup n'ont même pas la place de s'allonger. Nombre de prisonniers perdent la raison, murés dans un silence dont ils ne sortiront plus, ou hurlant pour demander de l'aide. Une trentaine se suicident, la plupart en se jetant du haut des gradins. Laissés sans soins, de nombreux malades meurent. Après l'horreur du Vel d'Hiv , ce sera l'horreur des camps. Les 4.051 enfants seront transférés du Vel d'Hiv aux camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande, avant d'être envoyés à Auschwitz. Aucun n'en reviendra.

La république française en hommage aux victimes des persécutions racistes et antisémites et des crimes contre l'humanité commis sous l'autorité de fait dite gouvernement de l'État français 1940-1944 n'oublions jamais.