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Le poids de l'occupation allemande aux P.T.T

Traiter du poids de l'occupation allemande aux P.T.T. impose de commencer par un constat simple : malgré le maintien d'un gouvernement français à Vichy, l'Allemagne soumet la France à une politique d'exploitation, comme elle le fait dans les autres pays occupés.

Deux thèmes donc se dégagent : tout d'abord celui de l'Occupation, avec le caractère spécifique qu'elle revêt dans une administration comme celle des P.T.T., avec la structure d'occupation particulière que mettent en place les Allemands ; ensuite, celui de la Résistance, c'est-à-dire des réactions que cette exploitation va susciter au sein du personnel. Je terminerai par une typologie des résistances dans ce cadre.

Commençons par un bref rappel de la situation de l'administration postale au moment de l'Occupation, au printemps 1940.

Trois points me semblent importants. Le premier, c'est que les P.T.T., dont la population masculine est d'environ 10 0000 hommes, sont amputées d'une partie de leur personnel depuis la mobilisation : 10 000 hommes ont été mobilisés. 35 000 le sont en janvier 1940 et, au moment de l'armistice, environ 37 000 membres du personnel sont sous les drapeaux, soit 37 % des effectifs masculins. L'administration, pour faire face à cette situation, a embauché 20 000 auxiliaires et a différé les départs en retraite, ce qui cause des problèmes de qualification aux auxiliaires employés.

Le deuxième point important est l'ampleur des destructions, particulièrement dans les treize départements des régions du Nord et de l'Est de la France où se sont déroulés les combats : 500 centraux téléphoniques sont hors service, 60 sont complètement détruits. Un rapport de la Direction de l'exploitation du téléphone estime à environ 300 millions de francs les dégâts subis par le réseau du téléphone. Par conséquent, la remise en route pose de gros problèmes par manque de personnel, de matériel, de véhicules, etc.

Le troisième point est la désorganisation générale liée à la rapidité de la percée allemande qui provoque un grand affolement, l'exode jetant des millions de personnes sur les routes. Le repli des bureaux de poste de ces zones sinistrées s'est effectué avec des moyens de fortune ; les receveurs ont eu le temps d'emmener les valeurs et les livres de comptabilité. Malgré un plan de repli qui était plus ou moins précis, cette évacuation des bureaux. s'est faite de façon très désordonnée, particulièrement à partir du mois de juin 1940.

D'autre part, le fréquent abandon des troupes par les cadres de l'armée a eu pour conséquence d'aggraver le nombre de prisonniers de guerre. Il y a 18 000 prisonniers de guerre P.T.T. Durant l'été 1940, cette désorganisation atteint d'ailleurs le sommet de la hiérarchie de l'administration, puisque Jules Julien, ministre en 1939 dans le gouvernement Reynaud, est remplacé quatre fois entre le 16 juin, quelques jours avant l'armistice, et le 6 septembre 1940 (date à laquelle Berthelot deviendra ministre). Ainsi cinq ministres vont se succéder en trois mois et demi à la tête de l'administration des P.T.T.

L'Occupation

La convention d'armistice, signée le 22 juin, précise qu'il incombe à la France de remettre en état ses moyens de communication. Un mois plus tard, un règlement est publié (le 18 juillet) apportant des précisions sur l'application de la convention d'armistice pour les P.T.T. Ce règlement précise que les relations télégraphiques sont interdites, le téléphone n'est autorisé que dans le cadre des réseaux locaux (les départements limitrophes), les relations interurbaines sont réservées uniquement à l'administration, sous réserve que la commission accorde l'autorisation d'une ligne interurbaine. La correspondance entre les deux zones est interdite, ainsi qu'entre la zone occupée et l'étranger, elle est limitée pour le courrier administratif à 300 lettres par jour. Cette mesure sera élargie à 500 lettres puis à 1000 lettres par jour, ce qui reste insuffisant. Le courrier est contrôlé à Paris par la Pruschtelle (le service de contrôle). Enfin les travaux forcés, voire la peine de mort peuvent punir les contrevenants. Ce règlement montre l'importance de la pression allemande dès les débuts de l'Occupation, avec les conséquences tragiques que l'on imagine pour les populations civiles qui ne peuvent communiquer à un moment où de nombreuses familles sont dispersées par l'exode. En septembre, les cartes familiales seront autorisées (cartes avec deux lignes en blanc).

Une commission d'armistice est installée à Wiesbaden, commission dont la délégation française est dirigée par le général Huntziger, et qui comprend une sous-commission aux transmissions. Cette délégation n'a d' ailleurs que peu de pouvoirs puisqu'elle est chargée d'entériner les décisions de la commission allemande d'armistice.

L'action allemande

L'armée allemande va plaquer un système de contrôle sur la structure administrative des P.T.T. Le contrôle allemand est dirigé par le commandant en chef de l'armée d'occupation, lequel a sous ses ordres des officiers eux-mêmes responsables du contrôle des télécommunications, du service postal, de la censure, des 17 régions que comportent les P.T.T., etc.

Quelle est l'action des Allemands durant la Seconde Guerre dans le cadre des P.T.T. ?

Les premières préoccupations sont d'ordre militaire (particulièrement dans le domaine des télécommunications). Pour des raisons évidentes, les transmissions constituent un atout majeur dans la poursuite de la guerre contre la Grande-Bretagne. D'une part, elles assurent la coordination de la défense antiaérienne et des armées du Reich en général dans les territoires occupés et, d'autre part, celle de la ligne défensive littorale qui va être construite ensuite et que l'on va appeler Mur de l'Atlantique. En outre, c'est un outil très important de propagande. Par conséquent, les autorités d'occupation prennent des mesures radicales dans le but évident de forcer l'administration des P.T.T. à mettre en pratique la politique de collaboration tracée par le gouvernement de Vichy.

Il s'agit pour l'Occupant d'utiliser au maximum les ressources de l'administration des P.T.T. - sous toutes les formes possibles - au profit de son effort de guerre. Ce qui implique, pour l'armée d'occupation, la mise au pas, l'encadrement des populations et donc du personnel des P.T.T.

Sur le plan économique, l'exploitation est considérable. Les chiffres que je cite sont ceux de la commission de Réparation qui a été nommée à la fin de la guerre. D'importantes quantités de matériels appartenant à l'administration sont prélevées dès le début de l'Occupation sous la forme de réquisitions, de pillages - dont l'évaluation est d'ailleurs difficile -, de contrats spéciaux, passés entre les autorités allemandes et l'administration française, et qui ont d'ailleurs été rarement payés par l'Allemagne. Les réquisitions concernent des locaux administratifs, véhicules, matériels de télécommunications, matières premières, particulièrement dans le cadre de ce que l'on a appelé le " Fellgiebel programm " qui était le plan de récupération des métaux non ferreux, ordonné par Hitler en avril 1942 et dont l'exécution fut confiée au général Fellgiebel. Il s'agissait, dans le cadre de ce programme, de démonter des installations de télécommunications pour en récupérer le cuivre (installations ne répondant pas à des besoins de première importance). Le coût du " Fellgiebel programm " est de 124 millions de francs 1938. Par ailleurs, sont réquisitionnés, en 1941 et 1943, plus de 100000 poteaux télégraphiques ainsi que diverses autres choses, soit 106 millions de francs 1938. L'exploitation économique dans le cadre de l'administration se traduit par l'utilisation d'installations soit radiotélégraphiques, soit de wagons-poste qui sont souvent utilisés comme wagons-cantines sur le front russe ; c'est aussi le prix des liaisons téléphoniques et des communications téléphoniques des Allemands, soit un total de 2 milliards 800 millions de francs 1938. C'est également les travaux qui sont exécutés par les Allemands. Les P.T.T. n'ont compté que les travaux qui n'ont pas enrichi le réseau, soit en fait un total de spoliation de 3 milliards de francs 1938. Si l'on ajoute à cela les destructions occasionnées, d'une part, par les sabotages et, d'autre part, par les opérations militaires puis, enfin, par les destructions systématiques qui sont opérées par les troupes allemandes lors de leur retraite, on arrive à un total qui est bien plus important. Pour donner un ordre d'idée, à la fin de la guerre, les destructions représentent pour la poste 70 % de ses bâtiments d'exploitation, 25 % de son parc automobile, 42 % de son parc de wagons poste. Enfin, il faut ajouter les dommages divers, les pertes qui résultent des entraves apportées au trafic par exemple, les dépenses supplémentaires qui sont occasionnées par les événements : le contrôle du courrier, la délivrance d'autorisations, les vols. On arrive à un total de 8 milliards 300 millions de francs tout compris, comme coût d'occupation générale des P.T.T. A titre indicatif, le budget de 1938 se monte à 54 milliards 800 millions de francs. L'Allemagne n'a payé que 22 millions de francs.

Sur le plan humain, le bilan est très lourd : environ 2 000 victimes P.T.T., en comptant les résistants et les militaires tués durant la Seconde Guerre mondiale.

Les statistiques du S.T.O. (institué en 1943) expriment la volonté de résistance du personnel des P.T.T.. En effet, sur un total de 20 000 hommes pressentis pour le S.T.O., environ 4 000 partiront effectivement. Par conséquent, l'Occupation est ressentie lourdement par l'administration des P.T.T., mais elle suscite également des réactions.

Les réactions de l'administration des P.T.T.

J'ai tenté de faire une typologie, d'ailleurs non exhaustive, du type d'actions réalisées aux P.T.T. : c'est tout d'abord la perturbation des communications allemandes, le détournement des lettres de dénonciation, le fait de prévenir les arrestations, notamment pour les facteurs et préposés des bureaux de poste. C'est aussi l'organisation, dans certaines régions, d'un service postal clandestin pour que les maquis puissent communiquer, c'est parfois l'utilisation d'un code secret par les télégraphistes pour correspondre sans que les Allemands puissent comprendre ce qui est dit, c'est faciliter l'attaque d'un bureau de poste par les résistants, attendre un peu pour prévenir les autorités. Cela peut être aussi prolonger, sous des prétextes divers, les travaux commandés par les Allemands.

D'autre part, c'est également faire de la propagande à l'intérieur des services (propagande communiste, gaulliste), diffuser des tracts, des journaux clandestins ou des mots d'ordre. C'est aussi l'écoute téléphonique des lignes allemandes, le sabotage ou la f6rmation au sabotage des résistants non spécialistes (couper un câble sans l'endommager montre la volonté du personnel de ne pas abîmer l'outil de travail pour pouvoir le réparer à la fin de la guerre). C'est enfin la constitution de stocks clandestins de cuivre, de plomb, de véhicules et de bien d'autres choses. Sur le plan de l'administration centrale, c'est souvent multiplier les démarches en invoquant des raisons de service pour faire délivrer des agents prisonniers de la Gestapo ou de la Milice, c'est couvrir ou faciliter les déplacements de résistants en les mutant ou en leur délivrant un sauf-conduit. C'est souvent aussi faire disparaître des dossiers de juifs, de communistes ou de francs-maçons les traces qui peuvent être compromettantes. En général, c'est renseigner la Résistance.  

Conclusion

Trois remarques à faire. Tout d'abord, les agents P.T.T. ont en général utilisé toutes les possibilités qui leur étaient offertes pour s'opposer à l'exploitation du pays.

Deuxième remarque est que cette attitude défensive va de l'engagement total d'une minorité - celle des réseaux, celle des mouvements de résistance (dans le cadre des P.T.T. : Résistance-P.T.T. ou Action-P.T.T.) au soutien réel de la majorité, soutien sans lequel cette résistance " spectaculaire " n'aurait pu exister.

Enfin, si les P.T.T. ont subi de graves dommages par le fait même de l'Occupation (dommages sur le plan économique et sur le plan humain), l'attitude du personnel, rassemblé autour de la volonté massive de nuire à l'Occupant, a eu pour conséquence de limiter dans une large mesure les effets de cette politique d'exploitation.

(L'exemple du plan Fellgiebel est très significatif puisque 1/5e seulement du cuivre demandé par les Allemands fut fourni par l'administration.

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LES RESEAUX

La Résistance n'est plus apparue seulement comme une collection de faits individuels ou collectifs, mais comme une démarche personnelle visant à constituer une chaîne de complicités. La constitution d'un réseau ne pouvant s'opérer que par cercles successifs, en prenant contact avec des personnes de confiance, selon des critères d'affinités. Cette démarche, qui avait pour but de se donner les moyens de l'action, interfère évidemment avec une certaine représentation de l'organisation. Deux voies pouvaient alors être explorées: soit recopier les structures administratives, soit monter une autre organisation suivant un schéma entièrement différent. Il faut toutefois se garder d'émettre une explication du processus de formation des réseaux trop simpliste, et savoir que chacun des membres de ceux-ci appartenait à plusieurs communautés en même temps : communautés professionnelles, syndicales, politiques, géographiques, sociales, ethniques ou religieuses.

Résistance-P.T.T.

C'est au cours de l'année 1941 que se constitue probablement le réseau Action - P.T.T. qui deviendra par la suite réseau Résistance - P.T.T. L'ambition des fondateurs était de monter un réseau de renseignements et de transmissions s'appuyant sur la compétence technique des postiers et des techniciens des télécommunications. Le principal responsable, Ernest Pruvost (alias Potard) chercha un appui auprès d'un mouvement national qui puisse assurer le relais avec la France Libre. Des contacts furent pris à différentes dates avec l'O.C.M. par l'intermédiaire de Mme Drouin, puis du colonel Touny et du colonel Rémy, chef du réseau Confrérie Notre Dame.

Dès mars 1942, l'état-major, qui réside à Paris, est constitué. Un an plus tard, il couvre une organisation pyramidale et assure des relations permanentes avec des responsables régionaux sur l'ensemble du territoire national. A l'intérieur de chaque région, un responsable était directement en contact avec un délégué pour chaque branche d'exploitation : services postaux, services téléphonique et télégraphique, service automobile... Un étage plus bas dans l'organisation, il y avait un agent dans chaque centre, secondé par quelques hommes recrutés en fonction d'affinités personnelles, mais en prenant soin - autant que possible - de garder un homme en place dans chacun des différents secteurs techniques : ouvriers des installations intérieures, monteurs des lignes...

La composition de l'état-major P.T.T. montre une surreprésentation des cadres moyens recrutés au départ plutôt dans l'administration centrale, ce qui correspondait à l'époque au rédactorat (niveau inspecteur). Ceci nous apparaît très important car ce sont des fonctionnaires qui, n'étant pas au sommet de la pyramide hiérarchique, n'ont pas de rapports directs avec les autorités allemandes ; par contre leur situation de responsables leur permet de détenir toutes les informations. Ce sont eux qui pourront être appelés aux postes de responsabilité à la Libération pour remplacer les hauts fonctionnaires compromis.

Le développement du Réseau s'est fait plus dans les centres téléphoniques et au service des lignes à grande distance que dans les bureaux de poste, où il était en concurrence avec un autre réseau à base syndicale, aux solidarités plus fortes, L'implantation de Résistance-P.T.T. ne fut pas contestée qu'à la base, mais également à l'administration centrale et dans les directions par les N.A.P. qui travaillaient sur le même terrain. Un partage des zones d'influence en résultera. Par exemple, le N.A.P. a bien fonctionné à Lyon, mais pas à Paris.

Ce qui frappe à la lecture de l'organigramme adopté par4es fondateurs de Résistance-P.T.T, c'est qu'il reproduit parfaitement l'organisation administrative. On y retrouve la même hiérarchie des rôles et des métiers, les mêmes limites de compétence.

Libération-P.T.T.

L'autre réseau, Libération nationale-P.T.T., sigle qui n'apparaîtra qu'en août 1944, s'est construit sur la base de relations syndicales et politiques avec le parti communiste. Les membres de cette organisation avaient été naturellement conduits à l'opposition clandestine par une série d'interdictions et de contrôles exercés dès 1939. La plupart des agents qui grossirent les rangs de Libération nationale-P.T.T. étaient fichés pour leurs opinions politiques par les services de police et par l'administration qui avait classé les agents jugés dangereux pour l'ordre public en plusieurs catégories selon l'urgence qu'il y aurait à les déplacer ou les éloigner du service dès la déclaration de guerre. En outre, nombre de militants témoignent aujourd'hui de la défiance, voire de l'hostilité, des collègues à leur égard et de l'isolement dans lequel ils se trouvaient plongés par cette attitude générale.

Ces circonstances confèrent dès 1940 des caractères spécifiques à ce réseau qui se construit sur des bases étroites en faisant appel à des militants en qui on avait absolument confiance, mais avec un maximum d'extension dans l'espace car ceux-ci pouvaient être présents dans tous les services et pouvaient connaître intimement un camarade à l'autre bout de la France. Par ailleurs, les déplacements par mesure disciplinaire effectués par l'administration avaient pour résultat immédiat d'isoler ces militants, mais également d'opérer un essaimage qui favorisait l'élargissement du réseau relationnel. De juin à juillet 1940, quatre personnes constituent l'état-major autour d'Henri Gourdeaux qui assurera la direction du mouvement pendant toute la période de la guerre, arrivant à mettre sur pied en 1943-1944 une vaste organisation à deux niveaux. Des directions opérationnelles sont mises en place, les unes calquées sur l'organisation administrative telle la direction des services techniques ou la direction des services de distribution de Paris et d'Ile-de-France ; d'autres répondent aux nécessités de l'action dans la perspective des journées insurrectionnelles, organisations autonomes liées à l'activité militante. Ainsi, la direction des groupes de renseignements et de sabotages organise les milices patriotiques. L'ensemble de la France est couvert par dix-huit régions ayant chacune à sa tête un chef régional qui contrôle plusieurs départements et dispose de ses propres services de liaison. Pour l'Ile-de-France (première et deuxième régions), un état-major régional commande à l'ensemble de Paris, de la Seine, de la Seine-et-Oise, de la Seine-et-Marne et de l'Oise. Des agents de liaison assurent les relations et la transmission des ordres avec chaque département. La ville de Paris fut divisée en trois secteurs opérationnels : le premier, secteur centre, groupe les 1er, 2e, 3e, 4e et 6e arrondissements ; le second, secteur nord, couvre les 8e, 9e, 10e, 11e, 17e, 18e, 19e, 20e arrondissements et les communes limitrophes ; le troisième s'étend sur l'emplacement des 5e, 7e, 12e, 13e, 14e, 15e, 16e arrondissements et des localités de la Seine qui ont une limite commune avec Paris. Comme dans les départements, dans chacun des secteurs est nommé un commandant qui a toute latitude pour recruter et organiser ses troupes, dirige sur son territoire toutes les opérations de renseignements, programme les attentats et les sabotages et assure également la distribution du matériel. À l'échelon inférieur, c'est-à-dire dans tous les bureaux de poste, les centres de tri, les gares et les centraux téléphoniques, un chef de section entouré d'une équipe de 7 à 8 hommes, est en liaison permanente avec le commandement de son secteur.

Apparemment cohérent, ce mode d'organisation présente en fait une ambiguïté dans le fonctionnement. Au cours des premiers mois, les membres de Libération nationale-P.T.T. sont pris par un souci de sécurité qui les pousse à rester entre eux et à cesser le recrutement dès que sont retrouvés les anciens camarades. Sur ce point, la fédération postale, doublée de la coopérative des P.T.T., constitue un réseau solide de relations. Dans le même temps, la reprise en 1941 de l'ancienne façon de faire syndicale, proprement militante, les conduisent à manifester contre les mauvaises conditions de vie ou de travail des agents. A ce deuxième stade on assiste à l'intégration de personnes non communistes au réseau qui seront dans la mouvance du parti après guerre. Ce fut aussi une des originalités de la Résistance que d'avoir lancé très tôt une réflexion d'ordre politique sur la société d'après guerre. Puis un retour à la fermeture s'opère avec la perspective de la prise du pouvoir à la Libération, avec les conséquences que cela implique, rivalités entre les organisations communistes et non communistes allant parfois jusqu'au vol d'armes sinon à la dénonciation. Rivalités à l'origine de profondes fractures après-guerre.

(L'œil et l'oreille de la résistance)