Journée du souvenir des victimes et des héros de la déportation dimanche 29 Avril 2001 en France.

La Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation sera célébrée dimanche dans toute la France.

A Paris, le secrétaire d'État à la Défense chargé des anciens combattants représentera le gouvernement au cours des cérémonies qui marqueront cette journée, au Mémorial du martyr juif inconnu, au Mémorial des martyrs de la déportation et à l'Arc de triomphe où aura lieu le ravivage de la flamme du soldat inconnu.


dimanche 28 avril 2002
Journée nationale de la Déportation


Concours National de la Résistance et de la Déportation  - 2001 (mars 2001)

" Née de réactions spontanées et éparses, d'engagements divers, la Résistance française a évolué suivant des formes multiples et s'est unifiée autour de valeurs communes afin de libérer le territoire. Comment la France libre et les résistants de l'intérieur se sont organisés pour aboutir à la victoire ".

En 1940, la France subit un désastre sans précédent. Le 25 juin 1940 entre en vigueur un armistice par lequel le gouvernement français (dirigé par le Maréchal Pétain) reconnaît la défaite militaire et accepte les conditions de l'ennemi ; la France est désarmée, découpée en zones différentes, son territoire est occupé aux 2 tiers par l'armée allemande. Le 10 juillet 1940 à Vichy, les institutions républicaines sont abolies et tous les pouvoirs remis au Maréchal Pétain. La République est remplacée par un État Français de caractère dictatorial.

Résister c'est d'abord un refus
Le refus d'accepter comme définitive la situation ; le refus d'accepter la liquidation même de la nation ; les libertés du citoyen. Pour les défendre et les reconquérir, des hommes et de femmes vont entrer, volontairement dans un nouveau type de guerre : " la Résistance ". 

• 1940 - juin 1941 : Premiers jalons
- La Résistance pourtant a commencé très modestement. Dans un pays désorganisé, traumatisé, pris en main par l'occupant nazi et le gouvernement collaborateur de Vichy, ceux qui veulent agir sont isolés et démunis.
Le combat militaire n'est plus possible sur le territoire national ; c'est en Angleterre, à l'initiative du général de Gaulle que va se reconstruire une armée française.
Le 7 août 1940 : l'accord Churchill - De Gaulle consacre la naissance officielle des F.F.L. (Forces Françaises Libres).
En France, des français cherchent à agir en liaison avec la Grande Bretagne pour continuer le combat (p. 4). Ainsi se mettent en place les premiers réseaux de renseignements, d'évasion, rattachés aux services britanniques ou à ceux de la France Libre. 
Cependant, la forme d'action la plus générale est alors la publication d'écrits clandestins.
Les mouvements populaires revendicatifs sont aussi parmi les premières actions de résistance : exemples : grèves à l'intérieur des entreprises ... tout est fait pour enrayer le fonctionnement de la machine économique.
Le 11 novembre 1940, il y a une manifestation parisienne très symbolique  et une grève des mineurs de fond du Nord, fin mai - début juin 1941.

À Paris, le premier souffle...
1940. Paris occupé. Paris traumatisé depuis le 14 juin. Mais un certain nombre de jeunes se refusent à la résignation...
" Le 11 novembre, écrit Gilles Perrault, dans une volonté désespérée de ressaisir l'histoire, les étudiants réussirent cependant à ajouter une date à une longue liste des journées mémorables qui ont fait Paris. Ils montèrent par centaines à l'Étoile pour y célébrer la vieille victoire. Toute manifestation était interdite. Surpris, les Allemands tirèrent au fusil et à la mitrailleuse mais visèrent en l'air, ou aux jambes. Le monde crut à un massacre. La presse américaine annonça cent trente morts. Il y eut quelques blessés, une centaine d'arrestations, cinq condamnations à des peines de prison. Mais l'ennemi avait ouvert le feu ".

Derrière cette manifestation, que certains qualifient de " première manifestation publique de résistance ", les milieux universitaires parisiens qui sont en pleine effervescence et ont commencé à se regrouper, en particulier dans ce qui constitue l'un des tout premiers mouvements de Résistance qui se nomme Maintenir.

Mais pour l'heure, autour d'Alfred Rosier de Claude Bellanger, de l'avoué Félix Rocher, de François de Lescure, délégué de l'UNEF (Union des étudiants de France) en zone nord, ils sont plusieurs, le 8 novembre 1940, au domicile de Maître Kreher, 5 boulevard Saint-Michel, à rédiger un appel à une manifestation au Soldat inconnu pour l'anniversaire de l'armistice de 1918. Un rendez-vous auquel ont donc répondu plusieurs centaines de jeunes, ainsi que des professeurs, " comme Edmond Lablénie, de Janson, qui a commencé à publier un journal clandestin : Notre Droit ; Renée Baudoin, de Lakanal, qui, arrêté le 11 novembre, passera huit mois Fresnes ; Raymond Burgard, de Buffon qui sera bientôt l'inspirateur du journal clandestin Valmy et qui, arrêté en 1942, sera décapité à la hache le 15 juin 1944. À la faculté de droit avec Jean Epstein, de la Corpo de droit, aux sciences politiques avec un isolé, Marc Burgard, une propagande spontanée prend également naissance ". 

QU'EST-CE QUE LA RÉSISTANCE ?

C'est le refus patriotique d'accepter un désastre militaire dû à la trahison plus qu'a l'infériorité des armes. Elle est d'abord la lutte contre l'occupant toujours détesté. Mais la victoire de l'Allemagne est aussi celle de l'hitlérisme, qui veut imposer sa doctrine à tous les pays conquis. La Résistance est avant tout la volonté de défendre et de restaurer les libertés, La dignité et les valeurs humaines. La Résistance présenta notamment les formes suivantes : aide aux combattants alliés, chaînes d'évasion, sabotage, guérillas, diffusion de tracts et de journaux clandestins. constitution de réseaux de renseignements. d'action et d'évasion, de mouvements de résistance et de maquis.

LES MOTIVATIONS DES RÉSISTANTS

Il faut d'abord rappeler une chose essentielle : les résistants étaient tous des volontaires ce qui suffit à expliquer qu'ils étaient peu nombreux, un infime pourcentage de la population.

Leurs motivations étaient diverses .

Patriotisme

Tout d'abord, nous venons d'y faire allusion, le refus de la défaite de la soumission, de l'occupation, de la propagande de Vichy et des Allemands, de la collaboration. Ces divers motifs pourraient être groupés sous le mot patriotisme.

La présence de soldats ennemis, dans la zone occupée à partir de l'été 194 puis dans toute la France après novembre 1942 était une réalité insupportable. Un français digne de ce nom ne pouvait concevoir la moindre compromission dans ce domaine. Mais la définition du patriotisme n'était pas alors aussi nette, car nombreux furent les Français qui, précisément par patriotisme, se rangèrent derrière le Maréchal Pétain, tout auréolé de son prestige de " vainqueur de Verdun " à qui ils faisaient confiance pour tenir tête aux Allemands et auquel ils étaient reconnaissants de son " don de sa personne à la France ".

Il ne leur venait d'ailleurs pas à l'idée de discuter la légitimité du chef de L'État et du gouvernement de Vichy. Sans entrer, ici, dans un long débat, disons pourtant que l'Armistice et surtout la politique et la volonté de collaboration allait entraîner ces hommes dans la trahison et le déshonneur aux exigences des conditions de l'Armistice, le gouvernement du maréchal Pétain ajoute une aide volontaire et effective à l'armée : (parmi les mesures et décisions prises dans ce sens, et condamnables on peut citer: l'autorisation donnée aux Allemands d'utiliser les aérodromes de Syrie (14 mai 1941), la constitution (11 juillet 1941) de la Légion des Volontaires français contre le bolchevisme (L.V.F.) qui combattit en Russie sous l'uniforme allemand ; la création de la Milice (30 janvier 1943) organisation policière militarisée, destinée officiellement au " maintien de l'ordre " et qui pourchassa férocement les résistants ; l'utilisation des forces de répression contre le maquis, l'institution du service du travail obligatoire (S. T. O.) le 16 février 1943; la propagande, les lois raciales et la persécution on contre les Juifs etc.). Plus grave encore peut-être, l'autorité et le prestige du " Maréchal allaient dévoyer nombre de Français de bonne foi.

Il n'était donc pas facile de prendre parti, compte tenu du déferlement de propagande d'une part et de l'absence d'information impartiales, autres que clandestines, d'autre part. La présence des Allemands en zone occupée rendait évidemment les choses plus claires; et la résistance y fut d'une manière générale plus précoce, souvent aussi plus active.

Il fallait donc de la lucidité et de la volonté, pour prendre conscience de la situation et discerner où était le devoir de patriotisme : rejet du totalitarisme paternaliste du gouvernement de Vichy ; désobéissance aux directives de collaboration et d'abandon ; courage civique permettant de ne pas tenir compte de l'interdiction que les conditions d'armistice faisaient aux Français de reprendre les armes contre l'Allemagne , et que Vichy rappelait sans cesse et faisait respecter avec rigueur, présentant ce spectacle curieux - scandaleux d'un gouvernement " français " réprimant les Français qui voulaient continuer à se battre pour la France. On voit donc quel fut le mérite de ceux qui ne se laissèrent jamais abuser et de ceux aussi qui, un instant trompé, comprirent enfin avant d'avoir accompli l'irréparable, et revinrent vers leur devoir.

Si le patriotisme a été pour la plupart le mobile premier et essentiel, chez beaucoup se sont ajoutées d'autres raisons, différentes et peut-être plus souvent conséquences d'une attitude de réflexion logique. mais nullement contradictoires avec la défense du pays, qu'on pourrait grouper sous le titre de civisme et de " défense des Droits de l'homme ".

Guy MOQUET

Civisme

Comment un gouvernement qui fait de la défaite une bonne chose, qui collabore avec l'ennemi et va souvent au devant de ses désirs, qui déclare traîtres et pourchasse ceux qui veulent continuer la lutte pourrait-il être crédible aux yeux de ceux pour qui la patrie a encore un sens ? Et comment un pouvoir, dont le premier geste politique a été d'étrangler la République, qui a détruit les libertés essentielles - fût ce sous la pression de l'occupant, mais souvent sans l'intervention de celui-ci - qui établit des discriminations entre diverses " catégories " de Français, qui persécute et livre ses nationaux ou les étrangers qui ont trouvé asile sur son sol pourrait-il être accepté des citoyens lucides ?

Droits de l'Homme

Si " l'État Français " avait un très médiocre respect pour les droits de l'homme, le nazisme en était la négation totale : disparition de la liberté et de la justice ; théorie de l'inégalité des races ; mépris et avilissement. Les hommes de bonne volonté ne pouvaient donc pas ne pas s'insurger, au nom de leur foi, pour rester fidèles à leur idéal , au nom de la charité et de la justice, par exemple pour sauver des Israélites menacés ; au nom de leur idéologie, pur ne pas trahir leurs engagements de militants ; tout simplement pour obéir à leur conscience.

Quelques-uns parmi d'autres

C'est ainsi que se sont retrouvés dans la Résistance des hommes et des femmes, beaucoup de femmes, dont ce n'est pourtant pas la vocation traditionnelle de " faire la guerre " ; des jeunes et des moins jeunes, venus de tous les horizons politiques et sociaux: de gauche comme de droite, des nobles et des gens du peuple : beaucoup de petites gens : ouvriers, cheminots, postiers, paysans, marins... C'est ainsi qu'on a vu des ecclésiastiques devenir des clandestins. ou des hommes qui. avant la guerre, faisaient profession de pacifisme, par respect de la personne humaine, se retrouver, pour les mêmes raisons, au premier rang des résistants. Certains s'engagèrent en n'hésitant pas à s'opposer à l'esprit, favorable à Vichy ou même à la collaboration, de leur milieu ou de leur famille de pensée: d'autres, au contraire, conformément à l'orientation de leur parti, reconstitué clandestinement... Les communistes, qui avait décontenancés le pacte germano - soviétique du 23 août 1939, et dont quelques-uns entrèrent dans la résistance à titre personnel, virent leur devoir tout tracé lorsque Hitler attaqua l'union Soviétique le 22 juin 1941.

Des Saint-Lois dans les Forces Françaises Libres

Jacques Villemer et ses amis

Jacques Villemer (à droite)

L'équipe de l'U.S.T. au 1er rang, de gauche à droite André Lominé (1er ) Lucien Joigne (3e ) Au second rang, André Geroult (4ème ) Jacques Villemer (7e )... 
" Jacques Villemer avait 20 ans quand quelques jours après l'arrivée des Allemands, il décida de rejoindre de Gaulle avec trois amis de l'Union sportive du travail, un club de football. Il y avait Lucien Joigne, André Géroult, André Lominé. Tous quatre, après un périple nocturne à vélo devaient rejoindre Granville pour embarquer à destination de l'Angleterre où, après une période de mise au secret, ils étaient incorporés dans les Forces françaises libres. Nous étions environ 250 civils à avoir répondu tout de suite, dont une majorité de Bretons ", raconte Lucien Joigne dans sa maison d'Agneaux "...

Archives départementales de la Manche : dossier de documentation Jacques Villemer extraits de l'article

" Un résistant de la première heure tué au Monte Cassino ", Ouest-France - 4 octobre 1993

Maurice Marland : un homme du refus dès juin 1940

Maurice Marland

..." Professeur à l'école supérieure de Granville et habitant au 13 rue Lecarpentier dans le quartier de la Haute-Ville, Maurice Marland dès les premiers jours de juin 1940 avant 1'appel historique du Général de Gaulle avait choisi son camp. À cette époque avec Jules Leprince, le patron du bateau " La Mouette ", il organise au cour de cinq voyages successifs par Jersey et l'Angleterre le rapatriement de 7 officiers anglais dont 3 blessés. Parmi ceux-ci se trouvait le colonel Hanley qui avait laissé un poste émetteur au professeur granvillais et les coordonnées pour les transmissions de messages.

Ensuite M. Marland met sur pied un groupe de résistance dit des marins. Il  était constitué de quelques amis et d'anciens élèves : Jules Leprince, Henri Thélot, Yves Colin, Charles Hubert, Madame Ybert (l'épouse de l'amiral des F.F.L.), Georges Ronceray, Mademoiselle Legeriez, Mademoiselle Daumel, Roger Dutertre, René Heilig et Léon Duclos.

À cette époque, le " groupe Marland " fournissait aux alliés des renseignements sur les mouvements des unités allemandes et sur les installations. Ces renseignements étaient transmis à Londres en morse par radio.

À l'automne de 1940, il réussit à transmettre à Londres le plan détaillé de la base d'aviation de Dinard, ce qui en explique la destruction...

• Juin 1941 - Juin 1942 : la Résistance prends corps

Dans la deuxième moitié de 1941, l'U.R.S.S . (attaquée par l'Allemagne le 22 juin) et les États-Unis (attaqués par le Japon le 7 décembre) entrent dans la guerre . La coalition des alliés se forme alors qui va permettre la modification du rapport des forces .

Cette situation nouvelle suscite l'espoir et encourage la lutte.

Pétain, le 11 août 1941 dénonce " le vent mauvais " qui souffle sur la France.

- Dès l'été 1941, des groupes armés entament une guérilla contre l'appareil militaire allemand : coup de main contre le Wehrmacht, stockage des installations qu'elle utilise (chemins de fer, centrales, usines...).

En même temps, les structures clandestines se consolident : progression des " Mouvements " .

La France libre se renforce avec un embryon de gouvernement : " le comité national Français " (24 septembre 1941). 

La répression est très forte : fusillades d'otages (exécutions de 27 internés du camp de Chateaubriand, le 22 octobre 1941) ; trains vers les camps de concentration ; les " Sections Spéciales " de Vichy à partir d'août 1941, envoient à la guillotine des résistants accusés " d'activité communiste ou anarchiste " .

Les liens se renouent entre le C.N.F. et le territoire national : multiplication des réseaux de renseignement, d'évasion, de stockage ; amélioration, surtout par radio et par air, des contacts entre Résistance intérieure et Résistance extérieure.

Le 14 juillet 1942 : la France combattante devient " La France Libre " : cela souligne la communauté de combat entre tous les résistants .

Quelques grandes figures de résistants
(mais au-delà il y a une formule de Georges Bernanos qui dit :

" C'est un leurre de croire que les hommes moyens ne sont capables que de sacrifices moyens " .

Berty ALBRECHT

Berty Albrecht

Professeur d'économie politique. Militante dès 1940, du Mouvement "Combat ".

Participe à la naissance et au fonctionnement du Mouvement de Libération Nationale. Arrêtée une première fois en 1942, s'évade.

Arrêtée de nouveau par la Gestapo, se donne la mort par pendaison le 28 mai 1943.

Pierre BROSSOLETTE

Pierre Brossolette

Normalien, agrégé de l'université.

Journaliste, collaborateur de Léon Blum, rejoint De Gaulle qui le charge de la coordination des mouvements de Résistance. Arrêté par la Gestapo, torturé pendant quinze jours, se jette le 22 mars 1944 du haut du cinquième étage pour ne pas être exposé à livrer les secrets dont il est détenteur.

Honoré d'ESTIENNE d'ORVES

D'Estienne d'Orves

Capitaine de corvette. Chef du 2ème bureau de la France Libre. Met sur pied les premiers réseaux de renseignements en France occupée. Trahi, il est arrêté et condamné à mort par la cour martiale allemande. Fusillé le 26 mai 1941

Organisation de la Résistance

LES FAITS

1940

ZONE NORD

Les premiers groupes de résistance furent probablement les Bataillons de la Mort et l'Armée Volontaire, rapidement décelés et détruits. Puis se formèrent :

- L'O.C.M. (Organisation Civile et Militaire) ;

- Ceux de la libération (C.D.L.L.) ;

- Libération Nord (L.N.)

ZONE SUD

Dans cette zone non occupée directement s'organise la résistance qui, selon un plan général, s'étendra à tout le pays. C'est là que naissent :

- Les premiers journaux clandestins : " Petites Ailes ",

" Vérité ", puis " Combat ", " Libérations Sud " , Franc-Tireur.

1941 - 1942

ZONE NORD

5 grands mouvements s'affirment O.C.M., C.D.L.L., C.D.L.R., L.N. , Front National. Des journaux paraissent, disparaissent, reparaissent : Défense de la France.

ZONE SUD

Les trois grands mouvements : Combat, Franc-Tireur, et Libération fusionnent pour constituer les Mouvements Unis de Résistance (M.U.R.), octobre 1942

1943 - 1944

Les Allemands ayant envahi la zone dite " Libre ", le 11 novembre 1942, un certain nombre d'organisations de résistance de zone nord s'uniront avec les Mouvements Unis de Résistance de zone sud, pour constituer le Mouvement de Libération Nationale. D'autres organisations de zone nord restèrent indépendantes. Tous ces mouvements de Résistance se placent sous l'autorité du Conseil National de la Résistance (C.N.R.), auquel se joignent les Syndicats et partis politiques clandestins qui, le 14 mai 1943, reconnaissent le Général de GAULLE pour seul chef de la Résistance Française.

GÉNERAL DE GAULLE

(à Londres puis à Alger)

Gouvernement Provisoire de la République Française (G.P.R.F.)

B.C.R.A.

(bureau central de renseignement et d'action)

MISSIONS

Forces Françaises Combattantes (F.F.C.)

Action Renseignements Évasions

Conseil National de la Résistance (C.N.R.)

Premier Délégué Général

JEAN MOULIN

Résistance Intérieur Française (R.I.F.)

ZONE NORD

O.C.M. - Libé Nord - C.D.L.L. - C.D.I.R. - Résistance - Front National - Défense de la France - Voix du Nord - Lorraine.

ZONE SUD

Vérité

Combat

Liberté

Franc-Tireur

Libé-Sud

Combat + Franc-Tireur + Libé-Sud : M.U.R.

Front National

M.U.R. + Défense de la France + Résistance + Voix du Nord + Lorraine : M.I.N.

Forme d'expression armée de l'ensemble des Mouvements zone nord et zone sud :

FORCES FRANÇAISES DE L'INTÉRIEUR (F.F.I.)

A.S. O.R.A. F.T.P.

La conception la plus satisfaisante de la Résistance est sans doute celle d'une action menée volontairement, contre le fascisme et contre l'occupant par une élite de militants, issus de tous les groupes sociaux; avant-gardiste militante, d'abord isolée, mais capable d'obtenir, justement parce qu'elle n'était pas en rupture avec lui, le soutien du milieu dans lequel s'insérait son combat et d'entraîner l'adhésion à ses objectifs de la majorité de ses compatriotes. Ceux qui ont aidé et protégé ces militants, appuyé leur action, parfois, sans avoir eux-mêmes participé directement au combat, les plus sanglantes représailles ennemies, ne sont pas des résistants et ne revendiquent pas ce titre. Mais sans eux, la Résistance n'aurait jamais été ce qu'elle fut et n'aurait pas tenu contre la répression, réalisé ce qu'elle a fait. II n'y a que les militants de base de la Résistance et le vaste cercle de sympathisants au sein duquel a fini par se déployer leur combat, la distinction tranchée qu'implique un définition trop élitiste de le Résistance, mais une solidarité sur laquelle repose un des fondements de la Résistance.

Guy MOQUET

Guy Moquet

Lycéen. Choisi comme otage à l'âge de dix sept ans pour son passé de militant communiste. Fusillé à Chateaubriand le 22 octobre 1941.

Jean MOULIN

Jean Moulin

Résistant dès juin 1940. Chargé par le Général de Gaulle d'organiser et d'unifier l'ensemble des forces de la résistance en zone sud, fonde et préside le Conseil National de la Résistance. Arrêté par Klaus Barbie, subit pendant plusieurs jours des tortures atroces. Mort le 8 juillet 1943 dans le train qui l'emporte en Allemagne. Depuis le 20 décembre 1964, les cendres de Jean Moulin reposent au Panthéon.

Général DELESTRAINT

Général Delestraint

Général dans l'armée française. Ancien supérieur du colonel de Gaulle. En 1942, nommé par le général de Gaulle chef de l'armée secrète. Organisateur de la résistance militante. Arrêté à Paris le 10 juin 1943, déporté à Dachau. Il devient le chef du Comité International clandestin. Assassiné par les S.S., abattu d'une balle dans la nuque le 19 Avril 1945.

• Fin 1942 - printemps 1944 : la Résistance passe à l'offensive :

Le tournant des années 1942 - 1943 est aussi celui de la guerre . C'est la victoire soviétique à Stalingrad (février 1943), le débarquement américain en Afrique du Nord (novembre 1942), puis en Sicile et en Italie (juillet 1943).

Les États fascistes sont dans une situation difficile. Le 25 juillet 1943 c'est la chute de Mussolini.

En France , les événements d'Afrique du Nord vont modifier les conditions du combat national. Le 11 novembre 1942 l'armée allemande occupe l'ensemble du territoire . L'attitude du gouvernement Pétain amène des cadres de Vichy à se détacher de plus en plus de Vichy, certains rejoignent la résistance. Surtout, l'opinion publique se détache de plus en plus de Vichy.

Les allemands engagés dans une guerre totale, ajoutent au pillage économique, le pillage de la main-d'œuvre. En février 1943 mise en place du STO (service du travail obligatoire) qui oblige les travailleurs français à partir travailler dans les usines du IIIe Reich.

Les organisations de la Résistance se mobilisent autour du mot d'ordre " Pas un homme pour l'Allemagne ". On aide les réfractaires (hors la loi) à se cacher et on s'entraîne pour l'action armée.

Dans la lutte contre le S.T.O., la résistance étend son influence à l'ensemble de la société française et développe tout l'éventail de ses moyen : impressions clandestines, actions ouvrières, manifestation, la résistance armée se développe.

Des maquis se constituent. Groupes de résistants composés de volontaires et de réfractaires, ils pratiquent le sabotage et harcèlent l'ennemi. Mais ils sont vulnérables car ayant peur d'expérience, peur d'armes, peu de ravitaillement.

Le 27 mai 1943 , première réunion à Paris du C.N.R. (Conseil National de la Résistance) chargé de coordonner les différentes composantes de la résistance intérieure. La coordination fut le fait de Jean Moulin, envoyé du général de Gaulle.

Le 3 juin 1943 : création à Alger du C.F.L.N. (Comité Français de Libération Nationale) . En juin 1944, il devient sous l'autorité du général de Gaulle : le G.P.R.F. (gouvernement provisoire de la république française).

La répression Germano-Vichiste est très forte.

• Juin 1944 : le soulèvement national :

Lorsque le 6 Juin 1944, s'ouvre en Normandie le second front, toutes les forces accumulées et rôdées dans la lutte depuis 4 ans se mettent en mouvement.

La résistance apporte une aide décisive aux armées alliées et françaises, débarquement de la 2ème DB du général Leclerc (Normandie) ; l'armée du général de Latte de Tassigny, et libère seule 28 départements français (sud-ouest, centre, Provence).

Grâce à l'action des résistants, la France sera libérée plusieurs mois avant la date fixée par le commandement allié.

À LA VEILLE DU DÉBARQUEMENT : L'INTENSIFICATION DE L'ACTION DES RÉSISTANTS (1944)
Le 1er juin, les Résistants reçoivent un message d'alerte :

" L'heure des combats viendra " signifiant que le débarquement aurait lieu dans les quinze jours. Le 5 juin arrivent des messages d'exécution du Plan Violet : " Les plus désespérés sont les chants les plus beaux ", du Plan Vert : " Les dés sont sur le tapis. " (Plan Violet : coupures des télécommunications. Plan Vert: coupures de chemins de fer).

PLAN VIOLET

Voici comment Louis Pinson, l'un des participants aux sabotages dans la région de Brécey, a vécu la nuit du 5 au 6 juin : " Debon et Louaisel me rejoignirent à l'école de Brécey vers 20 heures ; nous y avons laissé nos cartes d'identité, de sorte que, si nous étions pris au cours du sabotage, les gens pourraient dire qu'ils ne nous connaissaient pas et que nous étions étrangers à la région. Nous avons rejoint Tauzin chez Gustave Moulin et, tous les quatre, nous avons quitté la ferme du Pont Roulland, vers 22 heures. " Et si le débarquement n'avait pas lieu cette nuit ? ", s'inquiéta Madame Moulin. " Eh bien, il faudra recommencer ! "

Nous sommes partis avec une scie (les tronçonneuses n'existaient pas), des pinces et des grappins. En guise de protection, le vieux pistolet de 14-18 fourni par Leguillochet et le 6.35 de Gustave Moulin. L'endroit prévu se trouvait au-delà du château de la Brisolière, dans une grande prairie, loin des routes. Le premier poteau, scié à ras de terre, puis le second, se balancèrent, sans amener la rupture des fils, qui étaient très nombreux (24). Les deux paires de grappins fournis par Almire Gandon - les mêmes que ceux utilisés par les agents des lignes permirent de grimper sans problème, un de chaque côté du poteau, et de cisailler la totalité des fils. Des dizaines de coupures furent effectuées en direction de Saint-Pois; ailleurs, les fils furent court-circuités, de sorte que la liaison Brest-Berlin ne fut jamais rétablie !

PLAN VERT

CHERBOURG -VALOGNES

Au soir du 5 juin 1944, un message personnel de la B.B.C. : " Les dés sont sur le tapis " annonçait le sabotage généralisé des voies ferrées. A proximité de Cherbourg elles étaient gardées par des soldats allemands, aussi Albert Planque, Lesage et Renard, de Libé-Nord, furent arrêtés avant d'avoir réussi à détruire la voie au niveau de Sideville (La Presse de la Manche, numéro spécial, juin 1984). Par contre, Paul Remicourt et ses camarades, utilisant les explosifs remis par Gaston Picot, coupèrent la voie ferrée au sud de Valognes, à proximité du passage à niveau de Lieusaint. La ligne Cherbourg-Coutances, aujourd'hui désaffectée, fut sabotée aux environs de Périers, ainsi que le confirme Charles Laplace-Dolonde.

SAINT-LÔ

Le nombre de cheminots résistants était considérable : soixante, rien qu'à Saint-Lô. Ceux-ci avaient été approvisionnés en explosifs après le parachutage de Sainte-Marie-Outre-l'Eau, le 9 mai précédent. Plastic, cordon Bickford, amorces, furent transportés dans le grenier de la gare, cachés sous des cales de bois. Des cadres S.N.C.F. participaient à la Résistance : Charles Bonnel, de l'O.C.M., employé à la gare de Saint-Lô, demanda avis à M. Legrand, chef de district du " Service de la voie ", qui lui conseilla de placer des charges explosives aux deux extrémités d'un rail afin d'en casser deux avec une seule charge.

Bonnel et Rihoucy emportant au groupe de La Meauffe la part d'explosifs qui lui revient, sont arrêtés par une patrouille ; on contrôle leurs papiers d'identité, sans s'intéresser aux paquets ! Cadet, Bonnel et Rihoucy opèrent aux endroits prévus pour des coupures entre Saint-Lô et Canisy sur la voie Saint-Lô -Torigni.

" Les voies sont bien coupées et gravement endommagées. Non seulement les rails sur lesquels étaient disposées les charges étaient brisés, mais aussi ceux d'en face. En effet, j'avais plus que doublé les charges ", précise Bonnel.

LE MAQUIS DE VILLEBAUDON - BEAUCOUDRAY

La Résistance P. T. T. dans la Manche

plan Beaucoudray

Le 14 Juin 1944, le maquis de Beaucoudray fut cerné. Le lendemain à l'aube, 11 hommes qui faisaient partie du réseau Résistance P.T.T. furent fusillés :

René Crouzeau, inspecteur des P.T.T., chef de groupe ; Jacques Albertini, Etienne Bobo, Auguste Lerable, Jean Samson, Raymond Robin, employés des P.T.T. ; Auguste Guy, peintre à Villedieu ; Ernest Hamel, cultivateur à Sourdeval-les-Bois ; Francis Martin, géomètre à Bordeaux ; André Patin, journalier à Beaucoudray ; Jean Lecouturier, étudiant à Percy.

COMMENT EXPLIQUER CETTE RÉPRESSION ?

Elle est liée au contexte du débarquement, à la multiplicité des actions de la résistance intérieure en général contre les allemands pour les retarder au maximum et celle de la résistance PTT en particulier dans le cadre du plan violet (ce plan entraînait le sabotage systématique de toutes les communications allemandes).

Dans la région de Saint-Lô, les postiers agissent très rapidement, peu après l'entrée des troupes allemandes dans le département le 17 juin 1940.

Les allemands ont besoin de nouvelles installations téléphoniques, une équipe de techniciens du central téléphonique de Saint-Lô en sera chargée et réalise " par inadvertance... " des erreurs de raccordement dans la pose de nouvelles lignes.

En 1941, Marcel Richer, de retour d'Allemagne où il était prisonnier depuis Dunkerque, refuse de se soumettre aux allemands et entreprend l'organisation d'un réseau en y intégrant ses camarades postiers

En 1942 - 1943 furent recrutés : Bobo, Samson, Deschamps, Lerable.

LA MISSION HELMSMAN

Dans la nuit du 9 au 10 juillet 1944, un homme est parachuté à Fougerolles-du-Plessis. C'est un officier anglais d'une quarantaine d'années, John B. Hayes, que chacun appellera " Éric ". Comme il parle à la perfection le français, l'argot et le patois de la région, il se fondra dans la population " comme un poisson dans l'eau ", selon la formule consacrée. Il lui arrivera même de côtoyer des soldats allemands qui, bien entendu, n'auront aucun soupçon.

Le 11 au soir, il arrive au groupe de Sérouane, près de Saint-Hilaire-du-Harcouët, accompagné de deux Résistants de Fougerolles, Julien Derenne et Jules ll, et de celui qui sera son second et son garde du corps, Julien Lamanilève. C'est alors qu'il explique au groupe réuni l'objectif de sa mission, la plus audacieuse et sans doute l'une des plus importantes de la Résistance dans le secteur : faire partir du Mortainais des équipes de volontaires qui devront remonter vers le front en recueillant tous les renseignements possibles sur les troupes allemandes, leur équipement, leurs éventuels abris, pour traverser le front par n'importe quel moyen pour donner ces renseignements au G2 (service de renseignements) de la Première Armée américaine.

Cette opération, baptisée " mission Helmsman ", est évidemment destinée à éclairer l'état-major américain sur la nature et l'importance des difficultés qu'il risque de rencontrer dans l'offensive vers le sud qui se prépare.

Le recrutement

Une période de recrutement commence alors, pendant laquelle Eric devient un citoyen comme les autres. Nanti d'une fausse carte d'identité, il est supposé être M. André, réfugié de Saint-Lô. Il va, du reste, pour accréditer cette identité, toucher à la perception d'lsigny-le-Buat le pécule régulièrement dû aux réfugiés.

Avec René Berjon, " Émile ", responsable F.F.I. pour le sud de la Manche, il installe le Q.G. de l'opération à La Mancellière, dans la ferme des Hersandières tenue par la famille Bagot. A cette époque de l'année, les travaux de la moisson exigent beaucoup de personnel, et les Allemands ni les habitants du village ne s'étonnent de constater plus d'allées et venues que de coutume. C'est après la Libération seulement que les habitants de la commune comprendront ce qui s'est passé à la ferme Bagot.

Éric n'a que peu d'équipement avec lui. II possède deux postes récepteurs miniature, qui lui permettent d'entendre les " messages importants pour le petit gros ", selon son indicatif codé. Quant aux messages pour Londres, on doit les faire passer par Claude de Baissac qui, à Saint Mars du Désert (Mayenne), est le seul possesseur d'un poste émetteur dans le secteur. Eric ne porte jamais d'armes, bien qu'il en possède, et fait toujours porter ses messages par des relais. Robin, le Sénécal, Raoult, Bobeuf, Marchesseau, Le Maresquier, Fournials, Blin... et notamment René Crouzeau, inspecteur du service technique des PTT qui, se donnant tout entier à la résistance, prit la tête du petit groupe et l'organisa, laissant à Richer le soin de recevoir les directives hebdomadaires de M. Horvais le responsable national... "
(Ouest France, 16 juin 1947).

Selon Jean Pierre Crouzeau, fils de René Crouzeau, il faut décomposer en deux parties les opérations du groupe PTT : avant le printemps 1944 et durant le printemps 1944.

Avant le printemps 1944

Le groupe se structure avec le soutien d'Alphonse Fillâtre de Villebaudon qui met à la disposition des postiers l'arrière boutique de son café où on installe un poste émetteur.

C'est l'arrivée de postiers parisiens " brûlés " : Ernest Provost, Edmond de Beaumarché.

C'est aussi la transmission de renseignements pour l'Angleterre et l'exécution " molle " des ordres allemands.

On informe les alliés de l'emplacement des postes de la D.C.A. de la défense allemande. Les messages partent de Villebaudon vers la Bretagne où un bateau du gouvernement allié ou par un sous-marin.

On obéit " mollement " aux allemands

René Crouzeau rencontre des difficultés avec le Directeur de la poste, M. Scheer (pétainiste) et avec l'officier allemand qui à Saint-Lô supervise tout ce qui touche le téléphone.

Le 12 février 1944, René Crouzeau est mis en prison à Saint Lô ; il est interrogé par Dufour de la Gestapo, y reste 48 heures. Explication " de la lenteur dans l'exécution du service " .

Outre cela, Crouzeau a deux handicaps : il appartient à la C.G.T. et est franc maçon. Finalement, c'est l'officier allemand qui supervisait le téléphone qui l'a fait libérer contre l'avis de la Gestapo, car on avait besoin de lui en tant que responsable du service téléphonique dans la Manche.

Printemps 1944

On se prépare à l'action en vue d'une liaison avec le débarquement. Le 10 mai 1944, le groupe récupère à une dizaine de kilomètre, de Villebaudon-Beaucoudray, à Sainte Marie Outre l'Eau, 12 parachutes de 150 Kg avec armes légères et explosifs à charge d'apprendre à les manipuler et de redistribuer à d'autres groupes certaines de ces armes. Le lundi 5 juin 1944 à 24 heures, trois messages sont reçus de Londres par la résistance PTT : " Il faut chaud à Suez " , " Les dés sont sur le tapis ", " l'appel du laboureur dans le matin brumeux ".

C'est la décision de mise en application du plan violet comprenant le sabotage systématique de toutes les communications allemandes.

René Crouzeau rassemble ses hommes. A 22 heures commence l'action : tous les gros câbles allemands dont le câble Saint-Lô Rennes sont coupés ; le 6 juin au matin, le central téléphonique de Saint-Lô est neutralisé. Le groupe se replie alors dans une ferme de Beaucoudray, près du bois de Moyon.

Le 14 juin au matin, les allemands, probablement avertis de la présence des résistants, investissent la ferme. Onze résistants sont arrêtés ; les armes récupérées, la ferme incendiée.

Le 15 juin, à 4 h 30 du matin, un camion les emporte à l'herbage de l'Oiselière de Haut ; ils y sont fusillés.

Dès 1944 fut créé un comité du souvenir qui pour tâche d'organiser chaque année une cérémonie patriotique, d'entretenir le monument élevé en 1947 à l'emplacement de l'exécution des 11 résistants et faire en sorte que le souvenir de cette action demeure présent.

Le comité a publié une brochure de quelques pages avec un plan qui relate l'action du groupe PTT de Saint -Lô de 1940 à 1944.

L'INSTALLATION

Dès son installation à la Mancellière, Éric envoie Émile ou ses adjoints, Manin et Pinson, prendre contact avec Marland à Granville, Marie (O.C.M.) à La Haye-Pesnel et les rcsponsablcs de Libé-Nord à Ducey et Avranches. Ces responsables locaux sollicitent des volontaires, qui sont alors confiés à Andrée Blandin, une jeune Résistante qui les dirige vers un petit bois proche de la ferme Bagot où Éric leur expose les objectifs et les moyens de la mission ; il leur confie notamment un mot de passe oral, " Biarritz ", et un message écrit de sa main, fait d'une phrase contenant le mot " cinq " en toutes lettres. À leur arrivée dans les lignes américaines, ils devront demander à parler aux responsables du G2.

Les départs

En quelques jours, 31 volontaires furent recrutés et envoyés vers le nord, par équipes de deux. Quatre seulement échouèrent dans leur tentative de franchissement du front, et un disparut. Les premiers groupes étant partis dès le 12 juillet, les derniers arrivèrent dans les lignes de la Première Armée américaine le 27 juillet, juste après le déclenchement de l'opération Cobra.

Chaque équipe était autonome et pouvait improviser son itinéraire en fonction des circonstances.

Quelques exemples de ces itinéraires

- André Debon et Georges Navier, partis le 12 de Sérouane, sont arrivés le 18 juillet à Portbail, ayant couvert 70 km à pied et environ 40 en doris. La première journée les conduit à Saint-Laurent-de-Cuves, chez la mère d'A. Debon ; la seconde à Villedieu ; la troisième à Hambye et la quatrième à Camprond. La densité des troupes allemandes devient alors forte, et les deux hommes ont de plus en plus de mal, en dépit de leurs (faux) papiers, à faire admettre leur prétendue identité de professeurs techniques à l'Arsenal de Cherbourg, repliés à Gouville. Ils obliquent vers la côte et arrivent le cinquième soir à Agon.

Des amis organisent leur départ par mer de Blainville, et dès le 17 au soir trois doris sont prêts à embarquer six personnes chacun ; ce sont, outre les pêcheurs propriétaires et pilotes des doris, du personnel de la Croix-Rouge, des aviateurs américains évadés ou cachés, et divers civils. Parmi eux était Fernand Lechanteur, Agonais spécialiste de culture normande qui sera plus tard proviseur de. Lycées de Saint-Lô et Caen et qui dans l'immédiat, se disposait à s'associer, comme interprète, aux unités de l'armée anglaise.

De minuit à deux heures, on porte les bateaux sur le dos ou on les trame sur le sable, non sans quelques alertes. Puis, les doris étant à flot, une sévère tempête se cléclenche ; il leur faudra, avec deux paires d'avirons par doris, dix heures pour atteindre Portbail, où ils arrivent à midi, le 18 juillet.

lls sont alors conduits au Q.G. de la Première Armée, à Neuilly-la-Forêt, où le colonel Runkle, officier du G2, les interroge à plusieurs reprises et pendant plusieurs heures à chaque fois.

- Partis de Saint-Hilaire, André Pasquier et Émile Bazin traversent le territoire occupé par la division Das Reich. Ils en repèrent l'état-major, qui sera bombardé dès qu'ils l'auront signalé aux Américains. Arrêtés par les Allemands et interrogés, ils s'évadent à la faveur d'une alerte.

- René Jumel envole trois de ses amis prendre des instructions à La Mancellière et, par des voies différentes, ils se retrouvent entre Coutances et le havre de la Sienne. Remontant vers le nord, ils tentent, cinq jours durant, de traverser le havre de l'Ay à Saint-Germain et y parviennent enfin pendant une pause d'artillerie.

- Jean Vauzelle et Willy Rockers, partis d'Avranches le l5 juillet, seront quatre fois arrêtés et, à chaque fois, parviendront à se libérer et s'enfuir. Ils se cachent finalement dans Saint-Lô bombardée, où une patrouille américaine les recueille.

- À Saint-James, André Rouault, responsable de Libé-Nord part avec Mariette Rabecq vers Agon. Dans la région de Trelly, ils rencontrent Étienvre qui, lui, restera dans ce secteur sans passer les lignes. Leur collecte de renseignements est bonne, et leur passage par mer est prêt, mais le doris surchargé ne peut affronter les vagues. Ils partent donc à pied vers Lessay, d'où ils refluent avec les troupes allemandes en débâcle. Ils sont finalement rejoints par les Américains à Blainville.

- Parti de Saint-Hilaire, Victor Pelé est arrêté entre Percy et Villebaudon, et condamné à être fusillé. Il entonne alors à tue-tête une vieille chanson folklorique et les Allemands, interloqués, l'épargnent. Il s'enfuira plus tard et rejoindra les Américains.

- John Letellier et Robert Delannée longent tout le front de Saint-Lô à Lessay, échappent à la fusillade grâce à la mansuétude d'un officier et franchissent l'Ay à Saint-Germain. Leur parcours leur a fait collecter une quantité considérable de renseignements.

- Roger Monnerie et Armand Guillarmic, tous deux instituteurs, remontent jusqu'au front et se dissimulent au Mesnil Herman, près de La Croix-à-laMain, où ils observent méthodiquement les mouvements des troupes allemandes. Ils y sont rejoints par l'armée américaine.

- Émile Dejonc, né au Tonkin et évadé du stalag V111-C en décembre 1940, passe par Saint-Amand. Au-delà, on ne sait plus rien de lui. Il est le seul, sur les 31, à avoir disparu.

Des renseignements de grande valeur

Il s'est avéré, par la suite, que les renseignements fournis par les volontaires de la mission Helmsman avaient été d'une importance capitale pour la réussite de la percée qui a suivi l'opération Cobra.

Le général Patton ne se serait sans doute pas engagé aussi follement dans sa descente vers Avranches s'il n'avait eu la certitude que devant lui les Allemands ne dressaient aucun retranchement défensif, que leurs troupes étaient en débandade et ne disposaient que de transports de fortune. Par ailleurs, la mission avait permis de localiser les objectifs importants, qui furent systématiquement bombardés.

Une mission capitale...

Par ailleurs, elle prouva aux Américains que les Résistants constituaient une force sérieuse, qui pouvait leur être utile. De sceptique qu'elle était auparavant, leur attitude devint plus ouverte ; une coopération étroite s'instaura alors, les Résistants jouant le rôle d'éclaireurs, guides et conseillers auprès des Américains.

...et stratégique

Enfin, la mission Helmsman démontra aux Américains la faible utilité des bombardements systématiques. Le colonel Powels, officier responsable du G2, le déclara àJulien Lamanilève : " Sans vous, villes et villages auraient été systématiquement bombardés. Les renseignements ont été d'une valeur inestimable : ils ont épargné des centaines de vies de soldats américains, et nous ont permis d'avoir plusieurs jours d'avance sur le plan prévu. "

Quant à l'historien anglais Foot, il relève dans S.O.E. in France, que a l'armée américaine jugea de valeur exceptionnelle " le travail réalisé par Éric et ses volontaires.

Aujourd'hui, la mission Helmsman est mieux connue des historiens anglais et américains, qui possèdent la documentation nécessaire, que de leurs collègues français.

À La Mancellière, une simple inscription sur le mur de la ferme des Hersandières rappelle que de là partit une des opérations les plus audacieuses de la Libération.

L'ACTION DE GROUPES DE RÉSISTANTS DURANT LA SECONDE MOITIÉ DU MOIS DE JUILLET : DÉBUT DE L'OPÉRATION " COBRA " (Région entre AGON, ÇOUTANCES, GRANVILLE, TORIGNI). 1944.

Ces groupes se préparent activement au combat, en complétant leur armement et en coordonnant leur action.

Le 16 juillet, une patrouille du groupe de Trelly, opérant le sabotage d'une ligne téléphonique entre Villebaudon et Tessy, attaque un soldat allemand isolé et s'empare de sa mitraillette.

Ce même jour, Roger Lemesle, à Hauteville-sur-Mer, prend en charge et assure le camouflage de dix maquisards du groupe Jumel devant être mis le lendemain à la disposition du groupe d'Action fondé par le commandant Robert Godard dans la région entre Bréhal et Granville.

Mais, le 17 juillet, avant l'aube, celui-ci est surpris par des Allemands à son domicile. Révolver au poing, il tente courageusement de se défendre, mais il est abattu. Son agent Zacharie est arrêté.

Très vite, Roger Lemesle est mis au courant de ce drame, sa fiancée étant envoyée à sa rencontre à Hauteville par Suzanne Ybert. Celle-ci s'empresse de faire prévenir aussi Maurice Marland et Lucien Finck par Coipel et Beauvais. C'est à Granville que le chef du groupe de Trelly, Jean-Baptiste Étienvre apprend de Marland la tragique nouvelle. Immédiatement, il prend contact avec son adjoint Roger Lemesle, puis avec André Poulain (Jules), chef du groupe de Saint-Denis-le-Gast. Tous deux changent l'emplacement de leur poste de commandement. La mort du commandant Godard est très vivement ressentie ; semant la consternation dans tous les groupes de la région, elle prive la Résistance d'un de ses chefs les plus expérimentés et les plus déterminés.

Pendant que le groupe de Bréhal procède le 19 juillet à la récupération de mines ami-chars semées par les Allemands dans les dunes et les " mielles " de la côte près de Saint-Martin, l'adjoint de Jean-Baptiste Étienvre, Roger Larny se rend chez Jean Marie, chef du groupe de La Haye-Pesnel. Celui-ci a pu obtenir quelques jours auparavant de René Berjon (Émile) trois mitraillettes et d'autres armes, provenant des parachutages de Fougerolles-du-Plessis, stockées chez Martial Fouillard, à Marcilly. Par André Mauviel, elles ont été transportées, à bicyclette à La Haye-Pesnel. Roger Lamy obtient la livraison d'une mitraillette " Sten " provisoirement sans chargeur ! Mais René Le Gac et Yves Bouguen apportent à Trelly plusieurs mines antichars remises par le groupe de Bréhal.

Dès le 21 juillet, sous la direction de Roger Lemesle, des essais près de Courcy donnent de bons résultats : deux voitures sautent, un convoi est arrêté et mitraillé le lendemain par l'aviation alliée. Dans la nuit du 22 juillet, c'est Jean-Baptiste Étienvre et Fernand Rame qui opèrent de même sur la route de Montpinchon ; deux voitures allemandes sont mises hors d'usage.

Malheureusement, le 24 juillet, Roger Lemesle apprend par Suzanne Ybert l'assassinat de Maurice Marland. Arrêté le 22 juillet, le chef de la Résistance Granvillaise a été emmené par la police allemande dans la région de La Haye-Pesnel pour interrogatoire. Remis en liberté vers minuit, alors qu'il rejoignait Granville, il est lâchement matraqué et assassiné, atteint de six balles, par des inconnus dans les bois de La Luceme. Ainsi, dans la même semaine, disparaissaient tragiquement, sous les coups de l'ennemi, deux valeureux chefs de la Résistance Granvillaise : Robert Godard, commandant les groupes d'Action, patiemment et solidement constitués, et Maurice Marland, animateur incomparable et agent de renseignements hors pair.

Mais le combat contre l'ennemi doit se poursuivre : Paul Bernard, directeur de l'École Primaire Supérieure et confident de Marland, prend le relais.

Le lendemain, 25 juillet, toutes dispositions sont prises par le groupe de Trelly pour la pose massive de mines destinées à entraver la montée des renforts allemands vers la ligne de front où vient de débuter l'offensive puissante des Alliés. Un premier groupe de trois hommes, sous les ordres de Jean-Baptiste Étienvre, opère sur la route de Coutances à Villedieu entre Saussey et le carrefour de Lengronne : six mines sont posées, trois voitures sont mises hors d'usage.

Un autre groupe de deux hommes pose quatre mines au carrefour de " La Valtolaine ", sur la route de Saint-Lô à Gavray, malgré une forte concentration de troupes S.S. dans le voisinage : une voiture est complètement détruite.

Un autre groupe de deux volontaires pose quatre mines au carrefour de La Beltière, près de Nicorps : deux voitures hors service.

Un quatrième groupe opère à Hambye sur la route menant à l'abbaye : la pose de quatre mines entraîne la destruction d'une voiture d'officier. Si les résultats matériels peuvent paraître minces, ils portent cependant atteinte au moral de l'ennemi qui ne se sent plus en sécurité.

La résistance, depuis le 1er juin 1944 jusqu'au 30 juin

 


Le jury national du concours 2001 propose pour les classes de lycée d'enseignement général et technologique et de lycée professionnel ainsi que pour les classes de troisième de collège, le thème suivant :

" Née de réactions spontanées et éparses, d'engagements divers, la Résistance française a évolué suivant des formes multiples et s'est unifiée autour de valeurs communes afin de libérer le territoire. Suivant les ressources dont vous disposerez localement, vous montrerez comment la France Libre et les Résistants de l'intérieur se sont organisés pour aboutir à la victoire. "


20 juillet : journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'État français et d'hommages aux Justes de France

affiche de propagande


Lettre de Guy à sa famille - 22 octobre 1941 
" Ma petite maman chérie,
mon tout petit frère adoré
mon petit papa aimé " 

"Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en 
particulier ma petite maman, c'est d'être courageuse. Je le suis 
et je veux l'être autant que ceux qui sont passés avant moi. 
Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon 
cour, c'est que ma mort serve à quelque chose. Je n'ai pas eu le 
temps d'embrasser Jean. J'ai embrassé mes deux frères Roger et 
Rino. Quant au véritable je ne peux le faire hélas ! J'espère que 
toutes mes affaires te seront renvoyées elles pourront servir à 
Serge, qui je l'escompte sera fier de les porter un jour. A toi 
petit papa, si je t'ai fait ainsi qu'à ma petite maman, bien des 
peines, je te salue une dernière fois. Sache que j'ai fait de mon 
mieux pour suivre la voie que tu m'as tracée. 

Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que 
j'aime beaucoup. Qu'il étudie bien pour être plus tard un 
homme. 

17 ans 1/2, ma vie a été courte, je n'ai aucun regret, si 
ce n'est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, 
Michels. Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu 
me promettes, c'est d'être courageuse et de surmonter ta peine. 

Je ne peux en mettre davantage. Je vous quitte tous, 
toutes, toi maman, Serge, papa, en vous embrassant de tout 
mon cour d'enfant. Courage ! 

Votre Guy qui vous aime 

Guy 

Dernières pensées : " Vous tous qui restez, soyez dignes de 
nous, les 27 qui allons mourir ! "


Léon Blum 1     2    3 discours de 1938, 1945, 1946

Le général Leclerc