Autrefois, - un autrefois si proche encore, - ce nom évoquait pour ceux qui savaient où le situer, un charmant village de France, mieux qu'un village, un bourg, un gros bourg limousin, riche, bien placé, où les habitants de Limoges, la ville proche, aimaient à se rendre pour respirer l'air des champs et pêcher dans la Glane.

Pour beaucoup, Oradour n'évoquait rien, rien qu'un musical assemblage de syllabes. Et pour tant d'autres, enfin, ce nom mélodieux même n'existait pas. Peut-on connaître tous les villages de France, tous les petits coins aimables ou graves, souriants ou austères, riches ou pauvres, où des êtres inconnus vivent leur vie ?

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Oradour n'était que cela : un petit pays comme tant d'autres sur la terre de France, on l'ignorait. Vint le 10 Juin 1944. Et de ce jour-là. Oradour est entré dans l'Histoire.

L'ARRIVÉE DES ALLEMANDS

Il était environ quatorze heures...

Dans la tiède somnolence de l'après déjeuner, ce jour de printemps paisible, Oradour paressait, avant de se remettre aux occupations habituelles. Aucun pressentiment ne troublait sa quiétude. Les enfants venaient de rentrer à l'école ; la rue était calme ; quand un moteur y passa dans une pétarade bleuâtre, quelqu'un, peut-être, regardant à la fenêtre, dit simplement : " Tiens, un Allemand ! " Ce n'était pas le premier. D'autres suivirent. Une voiture blindée deux... cinq... six ; un camion... trois camions... dix camions... qui stationnèrent en différents points du pays. Cette fois c'était beaucoup, plus que d'habitude. Et la population regarda, remarqua la tenue de guerre des soldats : casques, bottes, uniformes camouflés de vert et de brun...

Qu'allait-il arriver ? On n'était pas inquiets. Il ne s'était jamais rien passé à Oradour ; point de maquis, aucune histoire entre l'habitant et l'occupant - qu'on ne voyait, d'ailleurs, que de loin en loin. - Il y eut bientôt du monde sur les pas de portes observant avec plus de curiosité que d'angoisse le va-et-vient des hommes. Très peu de personnes songèrent à s'enfuir, d'ailleurs le village avait été cerné aussitôt et par des voitures et par des cordons de sentinelles.

LE RASSEMBLEMENT DE LA POPULATION

Cependant voilà que résonne le tambour de ville : rassemblement général au Champ de Foire. Au début on y va sans hâte, mais les patrouilles arrivent, pénètrent partout, tirent celui-ci, poussent celui-là : " Allons, allons, Schnell ! " Hommes, femmes, enfants, vieillards, aucune exception... Les petits écoliers sont conduits par rangs ; ils ont obéi, dociles, aux conseils de leurs maîtres : " Ne faites pas attendre ; dépêchez-vous..." Ils ont obéi, tous, sauf un ; et celui-là - un petit Lorrain réfugié qui " les " connaissait et se sauva dans les. jardins - celui-là fut le seul rescapé des 247 enfants des écoles d'Oradour.

Voici donc rassemblée sur le Champ de Foire toute la population. Un bruit circule : c'est pour vérifier les cartes d'identité. Certains trouvent cela bizarre ; la plupart s'ils s'inquiètent pourtant, ne soupçonnent pas encore qu'un drame va se jouer et qu'ils en seront tous les victimes.

LE PREMIER ACTE DU DRAME

Déjà, avec la brutalité prussienne, débute le premier acte de ce drame : le tri de la foule ; d'un côté les femmes et les enfants, de l'autre les hommes. Dans chaque cœur, cette fois, naît et grandit le doute, la crainte : " Que va-t-on faire de nous ? " Et peut-être les femmes furent-elles soulagées de se voir diriger vers l'église avec tous les enfants : l'église, c'est la maison de Dieu et de la Paix ; que pourrait-il leur arriver de funeste entre les murs du sanctuaire ? Elles s'inquiètent surtout pour leurs maris, leurs fils, leurs pères.

Des commandements éclatent dans le silence : l'officier allemand réclame des otages, avant de faire perquisitionner dans leurs maisons. Le maire, le docteur Paul Desourteaux, s'avance aussitôt, offrant avec lui ses quatre fils. après déjeuner n'insiste pas sur cette question d'otages : cela faisait partie de la mise en scène, et voilà tout. Une heure se passe. Ordres et contre-ordres se succèdent. Alentours, la vie continue à son rythme habituel, qui se douterait, à quelques kilomètres, de ce qui se passe à Oradour ? Des cyclistes, - 5 jeunes gens et 1 jeune fille - traversant le bourg par malchance, furent aussitôt saisis et subirent le sort des autres ; qui donc pourrait donner l'alarme ? De tous ceux qui entrèrent à Oradour, par ce clair après-midi de juin, pas un ne ressortit vivant.

Une heure donc se passe. Et puis les S.S. divisent en plusieurs sections tous ces hommes que l'angoisse à, finalement, rendus silencieux ; on les conduit respectivement dans trois granges, deux garages, un chai et un hangar ; et, là, le supplice va commencer.

De l'église où elles sont toujours enfermées, les femmes entendront le claquement des mitrailleuses ; elles devineront : " Ils tuent nos hommes ! " Elles ne devineront pas tout ; elles ne verront pas l'horreur de ce massacre : les armes automatiques fauchant les rangées d'hommes alignés les uns derrière les autres, la paille entassée sur ces corps sanglants - et qui, en grand nombre, sont encore vivants - et le feu allumé là-dedans et qui s'élève pétillant, joyeux, torturant ces êtres à l'agonie, rendant impossible la fuite, ajoutant son ultime horreur à toutes les horreurs précédentes.

ÉCHAPPÉS DE L'ENFER

De cet enfer, pourtant, des hommes sortirent. Au prix de quels efforts, de quelles ruses, ils le raconteront dans des souvenirs poignants ; le petit nombre de ces rescapés montre la hardiesse de leur entreprise, et leur chance - qu'on peut qualifier de miraculeuse. - Il s'agit de MM. Borie, Broussaudier, Darthout, Hebras et Roby. Tous suivirent le même procédé : se jeter à terre dès la première salve de mitrailleuse et faire le mort ; se dégager ensuite, prudemment de leurs couvertures de cadavres et gagner un coin de la grange - un clapier, entre autres - attendre là, des heures, alors que l'incendie court tout autour ; et puis, quand les flammes arrivent, se sauver encore, en se dissimulant entre deux murs, et gagner la campagne avec des ruses infinies ; rester, enfin, tapis dans des broussailles jusqu'à ce que la pleine nuit, le départ des sentinelles, permettent la fuite.

Quelques habitants d'Oradour, qui ne s'étaient pas rendus au rassemblement, purent se sauver sans même avoir été aperçus des Allemands ; ils évitèrent ainsi l'atroce fusillade : ce sont MM. Belivier, Brissaud, Cremoux, Hubert Desourteaux, Doutre, Auzanet, Litaud, Armand Senon et quelques autres personnes. Mais beaucoup d'autres furent abattus dans leurs maisons par les S.S. qui fouillaient le bourg. Enfin deux groupes, l'un de cinq personnes, l'autre de trois, s'enfuirent dès l'arrivée des Allemands dans le pays, et parmi ceux-là le petit écolier lorrain. Leurs témoignages à tous concordent pour décrire la rapidité et la sauvagerie de l'attaque, l'horreur du martyre qu'ils ont vécu. On reste confondu devant un tel raffinement de cruauté. Et que dire alors de ce qui se passa dans l'église ? Quel nom donner au supplice infligé à ces êtres sans défense, et parfaitement innocents ?

LE DRAME DE L'ÉGLISE

Après de longues heures d'angoisse, dans l'incertitude du sort de ceux qu'elles ont laissés sur le Champ de Foire - et les rafales de mitrailleuses entendues laissent tout présager - voilà que les femmes voient s'ouvrir la porte de l'église. Enfin ! Est-ce la liberté ? Déjà s'ébauche le mouvement de sortie, sur le visage des petits enfants un timide sourire se dessine... Mais les deux Allemands qui sont entrés referment la porte ; ils vont déposer près de la table

de communion une caisse volumineuse d'où dépassent des cordons ; à ces cordons ils mettent le feu, puis sortent en refermant la porte derrière eux. Presque aussitôt une explosion se produit ; une fumée âcre, suffocante, se dégage. Quel affolement, alors ! " Nous allons mourir ! Nous allons mourir asphyxiés, brûlés ! " Les enfants se jettent sur leur mère ; des cris, des supplications jaillissent, bientôt étouffés par la fumée. Dans une vision infernale, les malheureuses victimes fuient en tous sens, se heurtant aux issues fermées, s'agrippant aux murs : par où s'échapper ? Sous la pression de cette masse hurlante, aux forces décuplées par la terreur, la porte de la sacristie cède ; le salut, peut-être ? Non. Les tortionnaires ont songé à tout ; ils se sont embusqués à l'extérieur et, par les fenêtres, tirent de toutes leurs armes. Quel carnage ! Femmes, enfants, s'écroulent les uns sur les autres ; aucun refuge ! Aucun recoin n'est épargné.

Par quel miracle une femme réussit-elle à se glisser, bravant la mort qui crache de partout, jusque derrière l'autel ? Là, un escabeau qui sert à allumer les cierges ; au-dessus, un vitrail ouvert... Le salut ! Péniblement, la femme se hisse jusqu'à l'ouverture et, quelques secondes, boit avidement le soleil et l'air pur. Un saut de trois mètres. Elle se redresse. Elle va fuir. Mais des cris retiennent son mouvement ; elle lève la tête : une autre femme a suivi le même chemin qu'elle, une jeune mère, qui vient de jeter précipitamment son bébé par le vitrail : " Sauvez mon petit, prenez-le ". L'enfant s'est écrasé sur le sol, tandis que sa pauvre maman va sauter à son tour pour courir vers le jardin du presbytère, tout proche, où les deux femmes espèrent se dissimuler. Trop tard ! Leur fuite a été aperçue ; tout autour d'elles les balles sifflent, crépitent ; frappée à mort la jeune mère s'écroule, et son petit enfant expire à ses côtés. Il n'y a plus, maintenant, qu'une rescapée, blessée grièvement, et qui s'est affalée un peu plus loin, entre des rames de petits pois ; les jeunes feuillages recouvrent son corps exténué ; à demi-consciente elle reste là, des heures et des heures...

Dans l'église la tragédie touche à sa fin ; les Allemands ont entrouvert les portes, ils tirent, au hasard, dans la fumée, ils tirent sans relâche, sans répit, jusqu'à l'épuisement de leurs munitions. Et puis ils s'en vont. Un grand silence... Mortes ou agonisantes, les victimes affolées de tout à l'heure ?

De combien de cadavres doit être jonché le sol de cette nef, ce matin, encore si nette et parfumée d'encens ? Il faut faire disparaître ces témoins de la civilisation nazie : les soldats reviennent ; entasser pêle-mêle les bancs et les chaises en un monstrueux bûcher, y mettre le feu, tout cela ne demande qu'un instant. Dans le ciel clair de cette fin d'après-midi, s'élève une immense colonne de fumée et de flammes : l'église d'Oradour brûle...

CEUX QUI N'ÉTAIENT PAS LÀ...

Vers 7 heures du soir, lorsque le tramway qui vient de Limoges arriva au pont de la Glane, près de Puy-Gaillard, il fut soudainement arrêté par des S.S. Les voyageurs terrorisés furent divisés en deux groupes : les habitants Oradour, et les autres ; pour ceux-ci on leur donne l'ordre de retourner à Limoges ; pour ceux-là, une vingtaine environ, on les aligne devant une palissade, une mitrailleuse braquée sur eux. Ils attendent la mort. Ils l'attendirent trois heures, au milieu des plaisanteries des Allemands véritablement ivres de feu et de sang. Quand au bout de ce temps on leur dit qu'ils sont libres, ils n'en peuvent croire leurs yeux ; hébétés, ils s'en vont demander asile dans 5 hameaux environnants, car il leur est interdit de rentrer à Oradour. Que s'est-il passé au village qu'ils ont quitté le matin ? Les flammes tourbillonnent dans la nuit commençante : l'appréhension, l'horreur, étreignent toutes les poitrines ; Oradour brûle ; que sont devenus les habitants ? Hélas... !

APRÈS LE DRAME

Toute la nuit les Allemands ont fait bombance, ripaillé, chanté... Le pays était riche, il y avait de bonnes caves dans de nombreuses maisons ; au matin seulement, après avoir incendié deux maisons encore debout - théâtre de leurs réjouissances probablement - les assassins quittèrent les lieux de leur crime. D'Oradour il ne restait plus rien... Des pans de murs noircis, des tas de pierrailles, dans un garage des châssis de voitures, tordus, déchiquetés, et le squelette décharné de l'église. Le silence est enfin tombé sur la cité morte, sur ceux qui, enfouis sous les bûchers consumés, dorment leur sommeil de martyrs.

SPECTACLE D'HORREUR

Que dire de l'affreux spectacle qui attendait les malheureux revenus à Oradour dés les premières heures du lendemain, furtivement, en se cachant, dans l'espoir de retrouver - vivant, peut-être ? - un être cher ! Un à un les charniers sont découverts ; les désespoirs succèdent aux désespoirs ; ceux qui, les premiers, pénètrent dans l'église, reculent, saisis d'horreur. Quelle folie que de s'être imaginé retrouve un corps, un seul, vivant, dans le tas de ces cendres humaines encore chaudes ! Un pauvre homme reconnaît sa femme et l'une de ses parentes, serrées l'une contre l'autre ; il s'élance, saisit cette épaule qui garde encore l'apparent de la vie, et, sous sa main, s'écroule une pluie de poussière comme s'évanouirait un mirage. Dans le confessionnal demeuré intact deux petits garçons, la main dans la main, sont là, debout ; le feu les a épargnés, mais les balles allemandes se sont acharnées sur eux, et leurs cuisses potelées ne sont plus qu'une chair sanguinolente.

Par un de ces caprices du sort, habituels aux cataclysmes, certaines parties de cette église en ruines restent semblables à ce qu'elles furent avant le drame, comme, par exemple, les statues de N.-D. de Lourdes et de Sainte Bernadette, comme aussi l'autel de St joseph ; celui de Ste Anne, par contre, n'existe plus ; la sacristie s'est effondré dans la cave avec son chargement de cadavres ; du clocher brûlé la cloche s'est écroulée et son métal fondu a laissé sur la pierre de larges traînées.

UNE FAIBLE VOIX...

Tout à leur macabre besogne les survivants - qui ne pourront pas même être des sauveteurs - n'entendent pas une faible voix qui, d'un jardin peu éloigné, appelle ; seule, les fera tressaillir cette clameur : " Les revoilà ! " C'est un sauve-qui-peut affolé devant cette nouvelle offensive de l'ennemi ; ceux qui sont revenus savent quel serait leur sort si l'Allemand les trouvait là... Pourtant, dans l'après-midi de ce dimanche orageux, lourd au ciel comme dans les cœurs, d'autres ombres vivantes viennent encore se glisser parmi les ombres mortes ; ne faut-il pas essayer de sauver, au moins, quelques cadavres ? Et c'est ainsi qu'on découvrit, presque agonisante, épuisée de souffrance sous son abri de feuillages, l'unique rescapée de l'église, Mme Rouffanche, dont les appels, le matin, n'avaient pas été entendus. Sur son lit d'hôpital, cette femme de 46 ans qui perdit dans le massacre d'Oradour son mari, son fils, se deux filles et son petit-fils, racontera - récit combien émouvant dans sa sobriété - les heures d'agonie que vécut cette population disparue dans un supplice sans nom.

LES RECHERCHES

Quelques jours plus tard, les habitants de la région furent enfin autorisés " officiellement " à rechercher les corps et à les inhumer. Recherches combien difficiles, les Allemands, revenus deux jours après le massacre pour tenter d'en faire disparaître la trace, ayant jeté pêle-mêle tous les débris humains - dont certains eussent été facilement reconnaissables - dans diverses fosses hâtivement creusées en des points quelconques du pays. Des équipes de sauveteurs, dont on ne saura trop louer le dévouement et le savoir-faire, mirent à jour un répugnant mélange de chairs carbonisées, d'ossements et de ferrailles... Bien peu de corps purent être identifiés. Chaque soir, avant de descendre dans une fosse spéciale du cimetière les débris et cendres retrouvés au cours des travaux de la journée, une absoute fut donnée sur ces restes informes, spectacle déchirant, empreint, pourtant, d'un réconfortant esprit de Foi.

POURQUOI CE MASSACRE ?

Pourquoi ce massacre ? Les Allemands ont donné des prétextes, - leur abondance même est une preuve de leur inexactitude. - On a dit que ce n'était pas Oradour-sur-Glane, mais Oradour-sur-Vayres, important centre de maquis, qui avait été visé et que le détachement allemand s'était trompé. On a dit aussi que des armes auraient été aperçues dans un garage d'Oradour par des S.S. qui auraient décidé alors de revenir en force pour anéantir le bourg. On a dit encore qu'une rixe aurait éclaté entre Allemands et réfractaires et que deux Allemands auraient été tués ; que des patriotes en embuscade auraient tiré sur la colonne de S.S. à son arrivée au pays ; enfin, qu'une voiture allemande de tourisme aurait été attaquée, les jours précédents, à quelques kilomètres d'Oradour et deux officiers tués... En fait, on ne sait rien de précis sur ce qui provoqua le martyre d'Oradour. Des Allemands se sont vantés d'avoir accompli une expédition punitive dans un village à 20 kms de Limoges ; il s'agissait bien, évidemment, d'Oradour-sur-Glane... Ont-ils voulu faire un exemple pour terroriser les habitants de cette contrée qui ne leur étaient pas favorables ? On ne sait pas... Quoiqu'il en soit, aucun mobile ne pourrait excuser l'horreur d'un tel massacre, et il semble bien que ce mobile même n'existe pas. Les tortionnaires de toute une population laborieuse et innocente se sont mis à jamais au banc de l'humanité.

SOUVENONS-NOUS

Les jours, les mois ont passé sur le drame d'Oradour ; dans les coeurs des Français il doit demeurer présent, comme l'exemple le plus complet de ce que fut la cruauté nazie.

Que la France de demain, grandie par l'épreuve, purifiée par le sacrifice de tant de ses enfants, peut-être les meilleurs, n'oublie pas les humbles et innocentes victimes de la campagne limousine qui payèrent dans les supplices et les flammes leur seul crime : être Français.

Souvenons-nous ! …

 


10 juin 1944, c'est jour de distribution de tabac ,la vision d'Oradour bascule dans l'effroi.

Les ruines

 

C'est une belle journée de printemps qui s'annonce, les enfants retournent en classe et le déjeuner se termine doucement dans le restaurant Milord ou encore chez les particuliers. Il y a quatre jours que le débarquement en Normandie a eu lieu, les troupes de soldats allemands remontent sur le front. La résistance fait tout pour les retarder ou les en empêcher.

 

Depuis le débarquement, la Résistance amplifie ses actes pour empêcher ou ralentir la progression des Allemands et leur remontée sur vers la Normandie. Plusieurs incidents et la position de faiblesse des S.S. va motiver l'exécution d'un acte destiné à impressionner (et surprendre) la population et (peut-être) calmer l'ardeur des résistants. C'est une méthode que les S.S. ont eu l'habitude de pratiquer sur le front de Russie. Ainsi les Allemands choisissent un village sans passé avec le maquis ou la résistance, un lieu tranquille, pour se venger. Le choix est aussi fait en fonction de la taille du village et des capacités des S.S.     

En début d'après-midi, les allemands encerclent Oradour et rabattent vers le centre-bourg les personnes qui travaillent dans les champs. La population est rassemblée sur la place principale (le Champ de Foire) pour le prétexte d'un contrôle d'identité. Les hommes sont séparés des femmes et des enfants qui seront menés dans l'église.

 

Les hommes sont répartis en six groupes et menés dans les plus grandes remises ou granges d'Oradour où les allemands ont installé des mitrailleuses.

 

À 16 heures, et en quelques secondes les hommes sont abattus sans comprendre pourquoi. Certaines victimes recevront le coup de grâce. Les allemands recouvrent les corps de matériaux combustibles et mettent le feu dans ces lieux de supplices ainsi qu'aux maisons. Seulement cinq hommes pourront sortir de la grange Laudy sans être abattus par les bourreaux.

 

À 17 heures, c'est malheureusement au tour des femmes et des enfants (400 personnes) réunis dans la petite église. Les allemands déposent une caisse au milieu de la foule, au milieu de l'église. Il en dépasse un cordon qu'ils allument. Cette caisse destinée à asphyxier, explose et met en éclat les vitraux. L'asphyxie ne s'opère alors pas comme les allemands le prévoyaient. C'est alors qu'ils tirent sur les femmes et les enfants. (Aujourd'hui, on peut encore voir les impacts des balles sur les murs intérieurs de l'église). Une femme, Mme Rouffanche, parvient à s'enfuir par un vitrail. Elle est suivie par une autre femme et son bébé. Les cris du bébé alertant les allemands, ces trois personnes sont mitraillées. Seule Mme Rouffanche, bien que blessée, survit en se cachant dans un rang de petits pois dans le jardin du presbytère.

 

À 19 heures, le tramway venant de Limoges arrive sur Oradour. Les occupants sont emmenés dans une ferme proche. Ce n'est qu'en fin de soirée qu'il sont relâchés.

 

Le pillage et la destruction du village se poursuit en fin d'après-midi. Les personnes qui sont simplement blessées meurent brûlées vives.

 

Au lendemain, il n'existe plus que des pans de murs calcinés desquels s'échappent encore de la fumée. Oradour-sur-Glane est rayée de la carte avec ses habitants (328 constructions et 642 victimes). On ne compte que six survivants au massacre (personnes s'étant échappées des lieux de supplice) : 5 hommes et une femme. Quelques autres personnes échappent à la tragédie car elles sont absentes du bourg ou se sont cachées ou enfuient à l'arrivée des allemands par crainte.

 

Oradour Souvenez vous


Oradour-sur-Glane est aujourd'hui une ville moderne qui accueille chaque année environ

300.000 personnes venant visiter les ruines et le Centre de la Mémoire ouvert depuis Mai 1999, qui rappelle et explique le pourquoi de cette horrible tragédie.

Le 10 juin 1944, près de 200 soldats d'une compagnie de SS de la division Das Reich assassinaient pratiquement tous les habitants du village - 642 personnes dont près de 200 enfants.

A l'ombre des ruines volontairement conservées, depuis 1947, pierre après pierre, c'est un Oradour nouveau qui a vu le jour. La première pierre était posée le 10 juin 1947 par Vincent AURIOL, Président de la République. Les premiers habitants s'y installèrent au début des années 50. Symbolisant l'étape de la reconstruction en cours, les cloches de la toute nouvelle église furent baptisées le 12 juillet 1953 par Mgr Rastouil.

Par la suite, et jusqu'au milieu des années 60, c'était la mise en place des services administratifs, la création des commerces, l'arrivée des entreprises et des industries.

Le tissu économique, celui du renouveau, était en train de naître.

LES ORIGINES

En fait, Oradour-sur-Glane qui allait entrer si tragiquement dans l'Histoire le 10 juin 1944, a une histoire beaucoup plus ancienne. Les premières traces de civilisation retrouvées sur la commune au début du XXème siècle datent du néolithique. Nombreux sont les chercheurs et érudits qui attribuent l'origine de la cité à un " oratoire " qui aurait pris la place d'un monument païen qui se trouvait à la jonction de deux voies romaines. Peu à peu, le village s'est construit à côté de la Glane et autour de la belle église du Xllème siècle qui allait être incendiée comme tout le village.

AUJOURD'HUI

Commune de 2.060 habitants, Oradour-sur-Glane a su trouver un juste équilibre entre son passé douloureux dont il convient de se souvenir, et un avenir prometteur. C'est une des cités rurales les plus importantes du département.

Le tissu économique et associatif très riche permet à la population de trouver tout le nécessaire sur place. Près de 40 commerces, d'importantes infrastructures d'hébergement et de restauration (hôtels, chambres d'hôtes, gîte et meublé touristique), un complexe sportif, des circuits de randonnée et de nombreux sites touristiques offrent aux visiteurs un séjour agréable.