Beaucoudray, l'histoire, la vie ...

La résistance en Normandie

Le monument des fusillés

La seule chose qui permet au mal de triompher est l'inaction des hommes de bien. Edmund Burke (1729-1797)

Ressources documentaires.

" Ceux qui oublient le passé sont condamnés à le revivre "
Georges Santayana - 1935
Écrivain et philosophe américain (1863-1952)

Message du Général de Gaulle sur les ondes de la B.B.C. le 6 juin 1944 : La bataille suprême est engagée. Les groupes de résistants avaient été informés la veille de l'imminence du débarquement. Les anciens se souviennent des messages comme " L'appel du laboureur dans le matin brumeux " ou " il fait chaud à Suez ". Par le truchement de ces messages, les résistants recevaient l'ordre de passer à l'action sur l'ensemble du territoire national occupé. Le plan VIOLET de sabotage des installations de communications fut mis en application dans la nuit du 5 au 6. " Résistance P.T.T. " dont un des responsables nationaux Ernest Pruvost s'était réfugié à Villebaudon chez Mr Fillâtre participait au mouvement de sabotage des installations téléphoniques allemandes. Vague après vague, l'armée de la libération prenait pied sur le rivage au prix de pertes énormes. La résistance, au prix de douloureux efforts, apportait sa part de drames. S'ensuivit celui des maquis de Villebaudon - Beaucoudray qui est relaté ici. Ce sont des éléments d'une  division S.S. qui prirent au piège les maquisards. Ils furent assassinés pour la liberté 9 jours après le débarquement. Louis Mexandeau déclara en 1982 : " Si 38 ans après, le souvenir des onze martyrs reste aussi vivant, c'est que le sens de leur sacrifice ne s'est pas affaibli ". " Les morts gouvernent les vivants disait Auguste Conte ".

Dès le mois de septembre 1941, l'ossature du maquis était en place sous l'impulsion d'Henri Le Veille, responsable de la résistance normande. L'action principale, dès le début, fut le recrutement d'hommes ayant l'unique souci de résister à l'occupant par tous les moyens en leur possession et avec mission de fournir des renseignements sur les mouvements de troupes ennemies et sur leurs télécommunications. En 1942, une toile d'araignée était tissée, et permettait le déchiffrement des messages codés échangés entre les unités occupantes.

Au fil des années, le groupe de résistants s'étoffa. L'effectif était de 50 personnes environ au plan départemental, début 1944. L'action s'intensifia, notamment par le sabordage des lignes téléphoniques, le transport d'armes et les parachutages. Dans la nuit du 9 au 10 mai 1944, des avions ronronnent au dessus de la petite commune de Sainte-Marie-Outre-l'eau, près de Pont-Farcy. Tout à coup, ombre dans l'ombre, surgissent des parachutes. Se posent avec un bruit sourd des containers bourrés d'armes, de munitions et autres explosifs. 3 tonnes ! La cueillette est rapide. Les camionnettes des P.T.T. sont chargées avec célérité et prennent la direction de Beaucoudray. Dans une ferme inhabitée, perdue à l'extrémité d'un dédale de chemins vicinaux, le tout est déchargé et entreposé dans un grenier : le groupe de Résistance P.T.T., dont le responsable est E. Pruvost vient de réceptionner un parachutage d'armes. 26 jours ont passé. À quelques heures du débarquement, avec calme et méthode, les postiers résistants coupent lignes et câbles téléphoniques. La besogne accomplie, ils gagnent le 6 au matin la petite ferme isolée. Le petit groupe auquel doit parvenir des renforts et qui a l'ordre d'attendre un message lui indiquant comment il doit venir en aide à des troupes aéroportées organise sa vie.

" L'appel du laboureur " : c'était effectivement l'ordre de passer à l'attaque générale par d'importants sabotages. À Beaucoudray, après l'exécution des consignes, le groupe se reconstitua dans ce village. Le 14, une automobile montée par deux allemands arrive à proximité du refuge puis repart immédiatement. Le chauffeur s'est-il trompé de chemin ? Soudain, c'est l'attaque. Venant de trois côtés à la fois, des soldats armés se dirigent vers la ferme. Ce 14 juin, les troupes allemandes les avaient détectés.

Acheminés dans une étable de ferme à Villebaudon, ils furent dirigés le lendemain vers 4 h dans un champ. À 4 h 30, ils étaient fusillés et inhumés dans deux fosses communes. La deuxième division américaine libéra Villebaudon le 28 juillet 1944.

Lors de leur exhumation, certains hommes portaient des brûlures. Un autre avait les côtes brisées. Mais ils n'ont pas parlé, car pas un seul des rescapés n'a été inquiété. Ils avaient les mains sauvagement attachées avec du fil de fer. Une balle dans la nuque avait mis fin à leur existence laborieuse d'hommes qui avaient choisi la route la plus rude : celle de l'honneur.


Beaucoudray


Une page d'histoire de la Résistance française ou Comment meurt un réseau...

Le 15 juin 1944, en bordure d'un herbage du bocage, sur le territoire de la petite commune de Beaucoudray, dans l'aube fraîche d'un des plus longs jours de l'année, onze membres du réseau P.T.T. de Saint-Lô tombent sous les balles allemandes. Ainsi s’achève, tragiquement l’action préparée de longue date, mise en application dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 dans le cadre du Plan VIOLET, de sabotage systématique des installations téléphoniques allemandes. Action qui aurait du se poursuivre en arrière des lignes ennemies mais que l'absence de moyens en hommes et surtout en matériel devait rendre impossible.

D'autres ont écrit longuement quelle a pu être l'action du groupe de résistants  - créé à Saint-Lô dès la fin de 1940 par Marcel Richer - résistants recrutés plus spécialement au sein des postiers - qui devait dans un premier temps consister à informer les alliés sur la consistance du réseau de défenses allemandes - postes de guet, batteries de D.C.A., mouvements de troupes - puis action de sabotage - enfin aide technique et armée en arrière des lignes allemandes lors de la percée du front. Un renfort de parachutistes devait permettre une telle action concertée.

Malheureusement, les renforts tant attendus du Spécial A.I.R. Service ne vinrent pas. Les Postiers, isolés dans la ferme du  village Le Bois où ils s'étaient réfugiés après avoir coupé les grands câbles allemands, furent réduits à l'attente. La percée du front ne se produisait pas...

Les bavardages, des indiscrétions et peut-être des inattentions permirent à un groupe de non-combattants allemands, séjournant au village tout proche de la Réauté, de prendre en filature de jeunes hommes qui étaient bien loin d'avoir le comportement des villageois.

À la pointe du jour, le 14 juin, une patrouille moto allemande pénétrait jusqu'à la ferme où les hommes du maquis passaient la nuit. Il n'y eut aucune réaction. Une erreur, des hommes égarés... faux... à 10 h 30 les non-combattants appuyés par des S.S. arrivaient en force, mitrailleuse en batterie. La ferme était rapidement cernée. Un maquisard, qui montait la garde, surpris, était maîtrisé. Il en était de même d’hommes qui se trouvaient à l’intérieur et préparaient le repas du midi. Des coups de feu claquèrent. Guy, un résistant, tombait, une balle dans la cuisse. Ernest Pruvost le responsable national, qui finissait de se raser dehors, parvenait à se fondre dans l'abondante végétation qui alors entourait la ferme. Il en était de même de trois autres : Richer, Deschamps, Raoult...

Crouzeau sommé de lever les bras, parvenait avec son colt à abattre son adversaire mais devait se rendre à son tour. Il aura le pénible privilège d’être considéré comme le chef. Après de longues interrogations et des tentatives pour sauver ses hommes, Crouzeau déclarera très nettement à ceux qui le questionnent " nous sommes contre vous "...

Mme Leblond qui, accompagnée de son fils avait la lourde tâche de surveiller les abords de la ferme était également longuement interrogée ainsi que son fils alors âgé de 11 ans. Ils échapperont, par on ne sait quelle grâce inattendue, à l’exécution.

Conscients que le groupe était beaucoup plus étoffé que prévu, que de nombreux habitants de la contrée sont impliqués dans l'affaire, les Allemands se mirent en chasse, bouclant toute la région, interrogeant sans relâche toute personne rencontrée considérée comme " Suspecte ".

C'est ainsi qu'Alphonse Fillâtre et son épouse accompagnés d'une jeune parente avertis in extremis par un jeune garçon des environs Bernard Lalle parvinrent à tromper la vigilance nazie et celle des chiens lancés à leur recherche.

Mais toutes les recherches se révélèrent sans résultat. Aucun autre résistant ne devait être retrouvé. Mais le réseau ne se reconstituait-il pas ? Les parachutistes n'allaient-ils pas fondre du ciel pour sauver les résistants ? Il fallait en finir. Après une rude journée ou l'aviation alliée s’était montrée particulièrement active, les allemands décidèrent à la tombée de la nuit de transférer leurs prisonniers au village de la Réauté. Ils furent enfermés sous une garde très vigilante dans une écurie.

15 juin - 4 h du matin - un camion qui démarre brutalement - des ordres gutturaux. Quelques minutes encore - une longue rafale de mitraillette dans l'aube qui se lève - onze hommes ont cessé d'exister.

Les corps des malheureux seront retrouvés à la Libération début août : 4 d'un coté, 7 de l'autre, à l'emplacement exact où se dresse le monument. Ils étaient attachés deux par deux. Sur l'un on retrouvera le brassard F.F.I. (Forces Françaises de l'Intérieur), marque illusoire de l’adhésion de l'homme à l'armée des ombres que l'allemand ne respectera jamais.

Chaque année, le premier dimanche qui suit le 15 juin, une foule, toujours nombreuse, assiste à la cérémonie commémorative. Peut-être pour illustrer la phrase du poète :

" ... Ou je meurs renaît la Patrie "


Le monument des fusillés est érigé au lieu dit " L'oiselière de haut ", il comporte une stèle accompagnée d'une statue de la résistance dont le symbole est le suivant : La résistance française, s'appuyant sur une croix de lorraine, bravant le souffle de la tempête qui vient de l'ouest concentre ses forces pour se libérer de l'envahisseur. Les deux fosses communes au pied de la stèle rappellent le sacrifice de ces hommes.

Une vitrine située à l'intérieur du bureau de poste de Villebaudon conserve le souvenir du maquis décimé par l'exécution des onze résistants.

Une plaque commémorative à la mémoire des postiers martyrs fut inaugurée par le préfet de la manche en 1959 au siège de la poste départementale à Saint-Lô. La Direction départementale des P.T.T. de Saint-Lô a pris en novembre 1959 le nom de " Centre Crouzeau ". Le monument des fusillés a été inauguré en juin 1947. Le général de Gaulle y a prononcé un discours en juin 1953.

La vie à Beaucoudray
 

Saint-Lô, capitale des ruines

Beaucoudray pleura ses morts, à 25 km environ, Saint-Lô fût dévasté. La Manche paya cher son tribut pour se libérer de l'oppression.

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Version : 30/10/2005 08:34


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